L’exotisme, le vrai celui qu’on recherche dans chacun de ses voyages réside pour moi dans l’inconnu. Or mes voyages étant centrés sur des endroits très connus sur lesquels je souhaite juste poser, une fois, mes propres yeux, l’inconnu n’y couvre que ce qu’on ne voit pas sur les cartes postales comme la forêt de selfie sticks devant la Joconde, la buvette hors de prix du Machu-Pichu, ou encore les daims qui t’arachent ton sac de bouffe à Nara. L’envers d’un décor mille fois documenté donc.
Mais ici, j’arrive en novice très peu informé sur les merveilles des Parcs Nationaux américains, j’en suis donc pour un double inconnu, l’envers et l’endroit. Or j’ai beau chercher la merde derrière le beau tableau dépeint dans les cadres jaunes de National Geographic, je ne trouve pour l’instant rien pour nourrir mon cynisme.
Pas de queue interminable pour rentrer dans le parc naturel, pas de poubelle débordante au milieu des panoramas, pas de clodo qui te vend le gadget du moment devant l’unique point de vue et pas tellement (mais un peu quand même) de selfie sticks. Je ne peux donc ici que retranscrire les impressions romantiques et naïves d’un observateur guère habitué à ce genre de description : l’endroit du décor.
Et ça commence par le Joshua Tree (pas qu’un album de U2 donc) ou plutôt le Joshua Tree National Park tout près de la ville de Joshua Tree, parce que tu vas en voir des Joshua trees ! C’est le seul endroit au monde d’ailleurs où tu vas en voir. Un hybride d’arbre et cactus qui décore parfaitement un terrain vague, un parc naturel ou l’allée de ta maison. C’est reposant un Joshua tree. On dirait que les branches grandissent en s’évitant comme autant de frères et sœurs malheureux. C’est comme un abre qu’aurait dessiné un tout petit : 3-4 branches trop épaisses, et les feuilles tant pis. C’est comme le chaos tranquille d’une nature paresseuse, bref c’est un très bel inconnu.
Tu vas aussi voir une « forêt » de cactus Cholla. C’est des cactus de la taille d’un petit homme recouverts d’épines longues et denses aux reflets de fourrure. Le haut à des teintes jaunes et blanches, le bas noir comme du velours. C’est pas tant la plante qui est impressionnante mais plutôt d’en voir les têtes claires à perte de vue au pied des massifs lunaires du Joshua Tree.
Tu vois aussi des ocotillos. C’est comme de grand rosier dont la plupart des piques seraient remplacés par des minuscule petite feuilles très vertes. Et sur certains, car leur floraison n’est pas saisonnière mais dépendantes des pluies, le bout des branches pointent vers le ciel de petites fleurs rouges bien trop petites pour la hauteur du machin.
Tu vas aussi voir des rochers énormes formés par des coulées de lave sous-terraines. Ils sont bien gros et bien ronds comme des gadins dessinés à la hâte dans un mauvais croquis d’architecte.
Bref, on vient de se prendre 2 jours d’inconnu naïf dans les yeux, on digère tout ça dans l’hôtel de Lost Highway aux portes de la Vallée de la Mort, et demain, on repart pour un nouvel inconnu, avec cette fois, un peu de cynisme j’espère.