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Ben merde, je suis aux U.S.A (selon l’Inflight Map).

3 mois chez l’oncle Sam Donald.

On en passera deux à Portland, et le dernier en balade dans le sud-ouest américain.

Pourquoi Portland ? Parce que cette ville a marqué ma vie comme aucun lieu non visité et que ce nom prononcé depuis lors ne pouvait pas rester qu’une idée. Il y a un réel que je dois connaître, et par le hasard des choses, ce réel nous a invité. Bonjour !

On arrive en plein élection, élection qui on le sait déjà restera gravée dans le faux marbre de Washington. L’autre débile a peu de chances certes, mais Democracy Number One n’en sortira pas indemne, et comme son sillage fait pas mal de remous, le reste du monde non plus. On a donc pris nos billets pour cette production avant-gardiste américaine afin de spoiler les spectateurs des futurs remakes européens : À la fin le méchant est battu par lui-même… drôle de twist… Le gentil ? Pas vu.

Le dernier mois ? On sait pas trop, parcs à déserts et parcs à thèmes ? Sûrement pas mal de route et de couchées de soleil, des campings, des motels, des villages Trump et des villes Clinton, des surprises et des clichés.

On veut connaître notre Amérique à nous, celle qu’on aime, qu’on la juge et qu’on la quitte.

Le soleil se couche au dessus des rocheuses, et seule une française téméraire a osé foutre son foulard sur sa tête pour se protéger de la clim. Elle retourne dans son Portland… l’aventure commence dans moins de deux heures.

Oui car en 2016 il y a le wifi dans l’avion et des murs dans la têtes des cons…

C’est pas la première fois que je m’installe dans un nouvel environnement mais à chaque fois, les premiers jours, reviennent quelques sentiments similaires. Ça oscille entre excitation et frustration.

Excitation de la découverte et… frustration des découvertes.

Je voulais écrire cet article maintenant car pendant tous mes voyages précédents j’ai laissé mourrir cette inspiration un peu sombre qui débute à peu près tous mes débarquements et disparait dès l’heureuse et fatale acclimatation. Et quelque part, en cachant la grisaille qui accompagne le début des belles aventures, j’ai menti un petit peu.

Alors notons que l’Ouest américain, le Pacific Northwest comme ils l’appellent ici, pour pas confondre avec… l’Ouest américain, c’est pas non plus l’antipode de l’Est américain. Les panneaux routiers sont les mêmes, les voitures sont les mêmes. Les cuisinières sont les mêmes. Les bus sont les mêmes, jusqu’à la corde jaune pour demander l’arrêt. Le loquet pour fermer la porte des chiottes est souvent le même, quoi qu’on en a pourtant découvert un nouveau, encore ! après quelques cacas stressés dans notre nouvelle salle de bains. Les car2go sont les mêmes, les Bixy quasiment aussi. Bref, pour trouver nos marques, on est pas mal.

L’environnement extérieur c’est donc la même chose à quelque différences près qui rendent chaque excursion un peu plus intéressante que la précédente. Dehors est donc toujours excitant mais on est venu assez préparés pour pas avoir à dormir dans la rue.

Donc la vraie différence c’est quand tu rentres à la maison, là où se trouve ta bouffe et ton lit.

On vit dans un cabinet de curiosité figé dans les sixties. Notre hôte/colocataire a notre âge mais un gout prononcé pour le beau rétro, genre Psychose du vivant de maman.

Faut penser : fais ta cuisine dans des poêles en fonte, mange sur un bout de table d’acajou encombré de merdes en regardant des tranches d’Harlequin des années 50. Pis remets ta tasse « Anniversaire de la Reine Mère » sur son support quand t’as fini.

C’est joli et bien agencé, ça fait de belles photos Instagram mais pour le « home sweet home » c’est assez moyen, enfin ça va prendre un peu plus de temps pour s’amouracher de l’endroit, pour se plaire chez soi.

Et lorsque tu séjournes plusieurs mois quelque part c’est primordial !

C’est comme garder un chat con. Pour une semaine, tu fais avec, tu le supportes. Mais pour 3 mois ça suffit pas, tu peux pas te contenter de le supporter le chat, va falloir s’en inquiéter, être content de le retrouver, l’aimer quoi !

Mais rassurons-nous, l’amour arrive déjà, pour la maison et pour le chat. Oui il y a un chat qui, pour ajouter un peu d’impersonnel au bordel vintage, n’a pas de nom.

Je l’appelle Anthony Perkins.

Alors que tout le monde imagine Clinton souffrir d’une pneumonie version XIXème siècle et découvre que Trump est tellement faux riche qu’il fait ses donations avec l’argent des autres, Portland sent le pin.

Ce qui frappe le plus vite quand on change d’environnement ce sont les odeurs et les couleurs.

Pour l’odeur c’est le pin ! L’effluve sec du sud de la France ! Oui il y a des pins ! Malgré les pluies fréquentes…

Pour les couleurs c’est le vert, des centaines de nuances de vert, parce que même en ville il y a une variété d’arbres assez invraisemblable. Toutes les maisons ont devant leur porte au moins 4 ou 5 plantes/arbres différents. Et à chaque nouvelle maison : pah ! Un arbre que tu connais pas !

À Montréal, toutes les maisons ont devant leur porte un érable ! Tu tournes la têtes pah ! Un érable ! Tu vas au parc, tu te poses où ? Sous un érable ! C’est un peu le platane en France quoi. Et bien Portland n’a pas son arbre urbain. Juste 4000 ! Dont des marronniers !

Oui, on voit aussi des marrons, tout ronds, tout brillants, tombés à terre comme sur les trottoirs de mon enfance.

Ça paraît con mais des automnes en France, je n’en ai pas vu depuis 6 ans, et des marrons non plus, alors en tenir un dans la main, dans cette odeur de pin et cet atmosphère sec, humainement sec, ça stimule pas mal de choses.

On est à la fois plus loin de la France en kilomètre (3700 de plus que Montréal, nous amenant à un total de 8600), mais tellement plus près en pourcentage d’humidité.

Notre cher Québec, lui, oscille l’été entre 70% et 100% d’humidité.

C’est un peu dur à décrire pour un non initié ce que ça donne 80% d’humidité alors faites ce test chez-vous.

  1. Trempez votre t-shirt dans une bassine d’eau tiède.
  2. Essorez à la main et laissez sécher mais pas complètement hein, juste qu’il goutte pas sur le carrelage.
  3. Enfillez-le direct.
  4. Restez dans votre salle de bain en laissant couler l’eau et vivez votre journée.
  5. Bienvenue au Quebec ! (et dans l’est américain en général)

Lyon ou Portland dépassent rarement les 50% d’humidité en dehors des averses. Ce qui fait qu’on est mouillé quand il pleut mais sec quand il fait beau ! Sensation naturelle donc (surnaturelle pour nous).

Alors ajoutez à ça une odeur de pin et un marron dans la main et chaque sortie de la maison vous file une gaule naturelle ! So many trees morning glory. Weeeeeeeeeellll!

Et comme pour l’humidité à 80%, c’est difficile de réaliser cette histoire d’arbres là. Je joins donc une galerie de photos pas des plus palpitantes mais qui à l’avantage d’illustrer mon propos.

À première vue ça parait un peu too much.

C’est une épicerie grano certes, où les patronnes/vendeuses prennent le temps de rentrer le code et le poids de chaque article dans la vielle caisse enregistreuse qui débite son petit rouleau de papier ligne par ligne. Faut pas être pressé mais on est jamais trop nombreux dans le machin.

Et entre deux clients, quand le disque est terminé, on se tourne vers la platine, on soulève le bras articulé, on décolle le vinyle du plateau, on le remet dans sa pochette, on en prend un autre dans la pile, on le positionne tranquillement jusqu’à ce que la petite tige trouve son trou, on dépose délicatement le diamant sur la première piste et on rabaisse le Plexiglas fumé.

— Hello ! Do you need a bag ?

C’est pas anodin, c’est pas juste par ce que le grin du vieux 45 tours sonne mieux au-dessus du frigo à tofu. C’est un état d’esprit d’ici qui ne valorise pas simplement la musique ou la simplicité (y a une carotte géante sur le toit de la boutique), non, qui valorise le temps.

On a le temps de rentrer les articles à la main, on a le temps de changer de disque entre deux clients. On a le temps dans l’épicerie mange-disque mais au dehors aussi.

On a le temps de laisser passer les cyclistes et les piétons par exemple.

Ce qui m’a choqué en arrivant à Montréal c’est le geste de l’automobiliste notifiant au piéton qu’il le laisse passer. Et « laisse » est important.

C’est comme deux petites gifles données à une souris imaginaire. Pif-paf-grouille.

Une gestuelle claire qui signifie : Maintenant que j’ai arrêté ma bagnole en accordance avec le code de la route, t’as interêt à te magner !

Et ça reste tellement mieux qu’en France où t’es obligé de te jeter sur son pare-brise pour qu’il active le frein.

À Portland, tu t’approches tranquillement d’une 4 voies en sifflotant et t’as 4 bagnoles qui s’arrêtent des deux côtés. T’es Dark Vador!

Et personne s’attend à ce que tu cours jusqu’à l’autre côté.

Attention, c’est pas lié au code de la route de l’endroit, dans tous mes exemples les piétons ont la priorité. Même si on voit ici des cyclistes qui après s’être arrêtés au stop repédalent prestement sous l’insistance d’un automobiliste « trop » gentil.

Quoi qu’il arrive ça se voit dans les yeux et les gestes de beaucoup de gens d’ici, ils ont le temps. Ceux qui attendent l’autre le font le plus naturellement possible, comme on attend l’automne ou la fin de la journée, sans blâmer un être, ou des décisions.

Je ne sais pas ce qui les amène à accueillir l’attente si paisiblement mais c’est tentant d’essayer de les rejoindre.

Il y a quelques 7 milliers d’années un volcan a erupté un peu trop fort au point de s’effondrer sur lui même. Un soufflé raté qui laisse un énorme cratère rempli d’eau et que nous sommes donc venu observer ici à Crater Lake avec une visibilité des plus merdiques digne de ladite éruption.

Ça va donc être 2 nuits passées entre l’hôtel et Beckie’s Café que seules une route —et quelques lignes jaunes— séparent.

On est bien, on se plaint pas, surtout que pour une fois il y a deux autres visages autour de la table, une amie de Mariane et sa petite Sofia, 9 mois.

Parce-que mis à part l’exotisme du lieu (que l’on apprécie énormément), l’aventure Portlandaise se résume la semaine à une routine assez peu excitante (même si l’on sort beaucoup plus qu’à Montréal) et une autarcie imposée par cette expatriation au carré.

Toute expatriation s’accompagne de la solitude des premiers mois qui ne finit qu’après la construction laborieuse d’un cercle social. Et tant que tu n’as pas connu l’expatriation, peu importe la distance de séparation, tu n’a pas construit un cercle social. Rencontre après rencontre, déception après déception (en fait sont pas si cools ceux-là), excursion après excursion tu finis par t’entourer de personnes avec qui tu te sens bien.

On a cela à Montréal et ça nous manque énormément !

Parce que quand tu restes que deux mois quelque part t’es baisé, imagines pas t’entourer en si peu de temps ! Comme on dirait au Québec, t’es pogné avec ta blonde !

Seuls au monde donc.

Et même si tous les couples sont différents j’en connaîs peu qui se targuent de pouvoir passer 24h de leur temps en tête à tête et s’é-cla-ter. Le Lagon Bleu très peu pour nous !

Tu rajoutes à ça un niveau de « connectabilité internet » jamais vu depuis 2001 : À la maison on chope depuis le fenêtre de la cuisine le wifi de la voisine ; dehors le téléphone chope rarement plus de 1 barre de Edge dans cette ville de weirdos « moi-j’ai-un-Nokia-na-na-na ».

Pour moi l’internet est revenu à celui de ma jeunesse : du texte !

Donc ? Sa femme, ses livres et son chat !

Alors évidemment pour quand même faire quelque trucs sans l’autre (à défaut d’avec quelqu’un d’autre) on s’inscrit à des activités extra-conjugales.

Moi j’ai pris le piano parce que chanter l’hymne à la joie note par note pendant que je me plante de touche sur mon Bontempi ça m’éclate bien ! Surtout si je peux le faire avec 10 témoins bien plus expérimentés que moi.

Le premier jour on s’est bien évidemment tous présentés à l’américaine, chacun tachant de pitcher sa soudaine passion pour le piano comme devant un producteur de cinéma.

Vas-y que je viens d’une famille de musiciens ! Que je suis un poète en quête de musicalité ou qu’il est juste temps que j’écrive mes propres chanson, go get’em girl !

Je crois qu’en France on se contenterait de donner nom, prénom, profession, les motivations personnelles étant reléguées à de simples épanchements inintéressants. Y a peut-être même qu’en France qu’on dénigre systématiquement les confessions fabriquées ou sincères : 36-15 ta vie !

Je pense qu’il faut un juste milieu et c’était pas ça mercredi soir au Portland Community College.

Bref Jessie veut écrire ses propres chansons, Marcy culpabilise de s’être jamais intéressé à la passion de son défunt père et moi j’ai juste besoin de sortir de la maison non chauffée, non connectée de Vancouver Avenue, et ce, sans ma blonde.

do – do – ré ? – mi – mi – ré – rééééééééé!!!!!!!

Ça s'est dégagé peu après la rédaction de cet article...

Ça s’est dégagé peu après la rédaction de cet article…

 

Alors que tu te déplaces en Lyft (parce que Uber c’est vraiment des connards, contrairement à Lyft et leur logo rose ?) dans la seule ville du monde où ce n’est pas du tout une controverse (peut-être parce que les deux plus gros acteurs du marché payent leur taxes à San Francisco.), et pendant que le chauffeur tripote son téléphone et s’arrête régulièrement pour prendre une personne de plus, tu vois passer dans ta fenêtre les enseignes lumineuses de Twitter, Atlassian, Airbnb, Salesforce, Dropbox, Pinterest… et tu peux pas t’empêcher de faire le parallèle.

Le parallèle entre les chercheurs d’or du 19ème siècle et les méga start-up qui se payent le futur plus haut gratte-ciel de la ville (Salesforce). La différence c’est évidemment qu’on venait à San Fransisco pour trouver l’or, alors que les start-up viennent à San Francisco après l’avoir trouvé mais la conclusion c’est que l’on tombe encore dans une ville multiculturelle non seulement dans son histoire moderne mais aussi, et c’est plus rare, contemporaine !

Et évidement tout en saluant ce fameux multiculturalisme, tu peux pas t’empêcher de remarquer que dans absolument toutes ces bagnoles UberPOOL ou Lyft Line, (1 voiture sur 5, facile), 4 blancs se font conduire par 1 mexicain. Une multiculture du high-tech au sommet de laquelle trône les blancs (et certains Asio-Americains) qui depuis 4 ans ne payent plus que 7$ leurs courses de Taxi !

Alors qu’est-ce que ça fait de vivre au sommet du Mont Blanc (ahah) dans le 2 pièces coquet d’un pote célibataire ? Ben on a une drôlement belle vue sur les jolies maisons colorées de San Francisco sur les fenêtres desquelles rougeoient les rayons du soleil soir et matin ! Et derrière ces milliers de petits carreaux illuminés vivent tant de locataires payant en moyenne 3500$/mois pour 2 petites pièces. Un tapis dorés de taxes municipales de Ashbury au Golden Gate, quel panorama !

On a quand même voulu explorer les autres « peuples » attirés par San Francisco en se faisant des petits « Detours » (nouvelle startup à la mode qui te fait des audiotours sur ton iPhone géoloqué, tellement 2016 !). Le premier : les chinois et Chinatown qui forment quand même un cinquième de la population, c’est pas juste des jolies pagodes ici ! Temples boudhistes, tremblement de terre et CocoBuns yeah ! Le deuxième, la beat génération ! Bob Dylan, Kerouac, tous là dans d’étroits petit troquets à redessiner notre image du monde ! Et le troisième : les gays.

On a passé quelque heures dans le Castro à écouter un Detour raconté par Cleve Jones, un des proches d’Harvey Milk, et après avoir vu les accomplissements (difficiles) de la communauté asiat, on s’est retrouvé là au pied de ce gigantesque drapeau gay qui flotte plus fier qu’une bannière étoilée au dessus de Castro et Market Street. Ce symbole digne d’une nation qui te ramène à l’éternelle oppression passive infligées à ceux qui, même blanc, bien nés, éduqués, ne rentrent pas dans notre bon vieux moule, celui dans lequel on coince prestement nos gamins en s’écriant, soulagé : Ça rentre !

La vérité c’est que ça ne rentre pas, mais qu’à force de coups (pris), de défiance, d’organisation, et d’innombrables échecs on arrive à imposer un drapeau un peu plus haut que les autres, et si certains le remarque (ah ouais tu peux pas le louper) et s’arrête pour y reconnaître un droit d’exister ou en tout cas sa tentative, tant mieux.

Et pendant que tu réfléchis sur ce monde de négation et d’opportunité au milieux des facades multicolores de San Francisco Main Street USA, alors que tu montes ou descends lentement l’une des rues à 45 degrés de Cole Valley ou de North Beach, et que tu t’arrêtes pour observer les collines et ce brouillard qui leur glisse dessus comme la fumée d’un Beatnik, tu peux voir une volée de perroquets verts se poser dans un arbre à un mètre de toi, comme si tout d’un coup les pigeons passaient en Technicolor.

Et là tu te dis ben merde, entre une baie et un océan, San Francisco accueillent ses peuples et recrache sa brume depuis 250 ans et moi, bougre de blanc, je la découvre que maintenant.

Elle a perdu, il a gagné.

Difficile à avaler. Personne ne s’y attendait même pas Trump et ce malgré les retournements théâtraux de la dernière semaine. Même si en allant chercher mon Café « Pumkin Spice blend »  hier matin au Seven Eleven, le « Vote for Clinton » plaintif et fort accentué du gars derrière la caisse était pas rassurant.

Cette élection fait réfléchir sur nos démocraties qui à l’instar des dictatures ne garantissent pas la raison au pouvoir.

On peut hériter d’un débile et on peut aussi l’élire. La question est : comment en arrive-t-on à tolérer, souhaiter, puis choisir un incapable ?

On se congratule, on se félicite du juste état de notre régime qui ne doit sa gloire qu’à ce que l’on lui prête : la volonté du peuple.

Et mon cul ?

La seule question laissée au peuple en démocratie est le nom de ses législateurs/dirigeants et ce depuis des siècles. Si on regarde l’évolution de nos chères démocraties depuis leur introduction au 18ème siècle on ne note qu’une variable, c’est la largeur du suffrage : qui peut voter et donc élire. Les derniers membres admis étant je vous le rappelle les femmes et pour les plus chanceux, les moins de 21 ans. On parle d’ajouter les étrangers résidents, oh mon dieu mais quel progrès !

Voilà la progression démocratique depuis son introduction moderne.

Mais le spectre des responsabilités du peuple n’a pas bougé. Le peuple élit mais ne décide pas. Il ne vote pas les lois, il ne vote pas le budget, il ne vote pas l’impôt, il ne vote pas la guerre, il ne prend même pas part au débat, et ce toujours sous le même prétexte servi depuis l’ancien régime : Il n’en est pas capable.

Oui le résultat d’hier soir pourrait servir ce vieil argument. Mais le problème de nos démocraties qui ne laissent au peuple que le choix de ses dirigeants, c’est que ça le dédouane complètement,  le peuple, des actions dudit dirigeant.

— On pouvait pas savoir qu’il ferait de la merde !

Et donc quand Trump fera ce qu’il fera, et honnêtement, personne peut savoir, arrêtons d’essayer d’apporter notre logique dans le débat, il n’y pas de logique face à un évènement si nouveau, bref quand il le fera, ses électeurs n’auront plus qu’à le critiquer et s’en dissocier comme ils le feront sûrement (on l’espère).

Et voilà, on est prêt pour à nouveau élire un con dans 8 ou 12 ans, parce que bon c’était pas de notre faute les merdes de l’autre.

Si le peuple votait lui-même une seule des mesures débiles de machin, il en aurait la seule responsabilité, et ne revoterai pas la même connerie les années suivantes. C’est comme ça qu’on forge un individu et une nation, en lui permettant de faire des erreurs,  et en lui en laissant porter la responsabilité.

Ça se discute, la mise en place et la légitimité d’une telle attente, mais et là je colle un « bordel de merde » on en parle même pas.

Et pourtant est-ce normal que dans notre démocratie infaillible, l’électeur n’ait d’autres alternatives que d’aller brailler dans la rue quand une loi est votée à l’insu de sa majorité souveraine ? (Quand il vote pas pour un extreme)

Et j’insiste sur le mot souverain qu’on nous pose sur la tête comme une couronne tous les 5 ans. (Galette des Rois Astérix Leader Price, 1€).

Évidemment qu’il est lassé, « l’électeur » devant la question superflue de la gueule de celui qui décidera de tout pour lui, surtout devant la déception mille fois éprouvés à la découverte de ses motivations premières, tellement éloignées de l’intérêt de la circonscription qui l’a élue, celle où il a dû louer un petit studio à l’arrache pour obtenir sa candidature.

Et donc à la question l’autre con ou l’autre con ? Qui est le moins pire ? Vous avez 8 mois !

Ben tsè quoi je vais rester chez moi, je jouerai peut-être dans 4/5 ans. Ou alors non, je vais voter pour le pire, pour bien te la foutre dans le cul ta couronne !

Et si Donald/Marine passe ben peut-être bien qu’on remettra en question notre chère et parfaite démocratie ou plutôt le régime qui porte son nom ? Mais avions-nous besoin d’en arriver là pour réfléchir ? Est-ce qu’on avait besoin de vivre l’accident grave pour mettre notre ceinture ? En tout cas, on l’a eu l’accident. Et on attend les secours.

Car dans cette indolence politique progressent évidement ceux, qui, il faut bien le dire, s’en tamponnent un peu des valeurs démocratiques ou alors n’y ont jamais entendu que le « je fais ce que veux » cher à l’individualisme ricain.

Il y a pas de solution facile pour donner au peuple une vraie démocratie et ainsi continuer l’expérience sociale dont on a figé la progression quelques décennies après son introduction mais il peut y avoir des discutions, des expériences, des études et surtout une très saine remise en cause.

En attendant, ben merde !

C’est un truc sur la liste, la chose à faire pour pas regretter.

45 minutes avant Las Vegas, paumé en plein désert sur l’insterstate 15, et 7 mètres après que t’aies passé la frontière du Nevada (yeah! le jeu est légal!), se dresse … trois petits points, l’enseigne les vaut bien : Whiskey Pete’s !

Un complexe de 3 hôtels + monorail où les vrais crevards qui veulent s’économiser quelques kilomètres et quelques dollars en nuits d’hôtel (parce qu’en machines, t’inquiète pas pour eux) se retrouvent pour surtout pas se parler.

C’est Vegas sans le glamour, le Strip sans les néons, la lose sans hypocrites !

Alors évidemment ma fascination pour ce genre d’aimant à misère se nourrit généralement dans une période  optimiste, genre poster HOPE d’Obama.

Ces derniers jours, les évènements font qu’on a pas forcément envie de se retrouver à Narnardland à compter les casquettes rouges. Mais bon, on va pas faire l’autruche non plus. Maintenant qu’on sait qu’il en existe 59 000 000… Va falloir se résoudre à les côtoyer et quoi de mieux que le Pete pour commencer.

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Je sais bien que j’ai choisi une destination qui n’est peut-être pas l’endroit idéal pour vivre le choc politique de ces fêtes de fin d’année. Mais finalement c’est peut-être pas si pire pour réfléchir. Il faut admettre que Las Vegas nous paraît un cauchemar parce qu’elle néglige la subtilité. Toute cette merde nous saute directement à la gueule, mais faut pas croire que les concepts utilisés ici ne sont pas imités partout où on va acheter une pair de tongues.

Las Vegas te fait vivre la vie d’un riche. Avec du faux marbre, on te fait chier dans de belles toilettes, on te sert ton burger dans une assiette à initiales pour te rapprocher de cet état tant convoité. Et comme le petit garçon dans la belle auto de papa, tu lèves la tête, tu bombes le torse et tu cherches le gain en jouant ou en achetant un truc trop cher. (Comme un Perrier par exemple…)

Mais ce principe-là, moins « vlan-dans-ta-gueule » est présent dans tous les centres commerciaux du monde ! Et depuis les termes romains on a toujours construit des palaces aux cons quand on a eu besoin d’eux. Avant le Forum du Caesar Palace, il y a eu la galerie Victor Emmanuel II à Milan et les grandes gares du XIXème siècle. T’es le roi mon Maurice, achète.

Ici tu vois des gens faire la queue sous un ciel trompe-l’oeil mal éclairé pour monter dans une gondole et écouter un canotier avec des lunettes Oakley chanter les pires tubes americo-italiens.

Pour toi ça fait pas rêver, t’as vu Venise de près mais pour eux c’est exactement ça, du rêve.

On te vend du rêve ! Et cette phrase nous paraît légitime, optimiste même. On l’évoque régulièrement sans la moindre critique. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Ça revient juste à ne pas évoquer de raisons concrètes pour aiguiller ton achat. Tout ce qu’on évoque ce sont de vagues espoirs façonnés en fonction de ton profil. On te vend « ton » rêve. Tu vas te sentir plus puissant, les meufs vont te respecter, tu vas avoir l’air cool, tu vas « contrôler » ton destin. Et tout ça avec un baltringue qui fait des zigzags entre des volcans ou une connasse qui coure avec un parfum dans la main.

Or mercredi on a vu pour la première fois cette technique publicitaire faire élire le président du pays des pays.

Donald a rien expliqué. Il a juste promis que ce serait mieux ! Et là où les politiciens classiques s’obligent à détailler rationnellement les applications de leur promesses au risque d’embrouiller les electeurs avec des chiffres compliqués et pas franchement convaincants, Trump a pris le parti du vendeur d’elixir Lucky Luke : Ça va être génial, un truc de dingue, on va faire tellement mieux !

Une technique publicitaire qui définit donc le destin des générations futures? Ça fait peur, et comment c’est possible ?

Ce n’est en fait que le couronnement de la marketisation de la politique, l’avènement de la stratégie maintenant communes à toutes les industries et les gouvernements.

Plutôt que de créer des produits et demander aux marketeux de définir un message pour les vendre (leur job), on laisse les marketeux concevoir eux-même des produits (vraiment pas leur job) qu’ils seront plus à même de vendre. Au final, leur métier de marketeux est plus facile, les produits sont complètement inutiles voire dangereux et ces cons-là contrôlent maintenant ta compagnie.

Il suffit maintenant de remplacer dans cette phrase les produits par des lois et les compagnies par des pays, et t’as la politique mondiale de ces dix dernières années.

Finalement je suis quand même mieux à Whisky Pete’s, qui avec son Buffalo Bill Hotel en forme de grange rouge de 15 étages et son lobby « ville western » est resté figé dans le Las Vegas des années 90. Ce Las Vegas-là te construisait une tour Eiffel et des bateaux pirates pour te faire « voyager », il te racontait une belle histoire pendant qu’il te faisait les poches, il te flattait pas comme un vendeur de bagnole, c’était un bandit honnête quoi, pas politique.

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Cadeau

L’exotisme, le vrai celui qu’on recherche dans chacun de ses voyages réside pour moi dans l’inconnu. Or mes voyages étant centrés sur des endroits très connus sur lesquels je souhaite juste poser, une fois, mes propres yeux, l’inconnu n’y couvre que ce qu’on ne voit pas sur les cartes postales comme la forêt de selfie sticks devant la Joconde, la buvette hors de prix du Machu-Pichu, ou encore les daims qui t’arachent ton sac de bouffe à Nara. L’envers d’un décor mille fois documenté donc.

Mais ici, j’arrive en novice très peu informé sur les merveilles des Parcs Nationaux américains, j’en suis donc pour un double inconnu, l’envers et l’endroit. Or j’ai beau chercher la merde derrière le beau tableau dépeint dans les cadres jaunes de National Geographic, je ne trouve pour l’instant rien pour nourrir mon cynisme.

Pas de queue interminable pour rentrer dans le parc naturel, pas de poubelle débordante au milieu des panoramas, pas de clodo qui te vend le gadget du moment devant l’unique point de vue et pas tellement (mais un peu quand même) de selfie sticks. Je ne peux donc ici que retranscrire les impressions romantiques et naïves d’un observateur guère habitué à ce genre de description : l’endroit du décor.

Et ça commence par le Joshua Tree (pas qu’un album de U2 donc) ou plutôt le Joshua Tree National Park tout près de la ville de Joshua Tree, parce que tu vas en voir des Joshua trees ! C’est le seul endroit au monde d’ailleurs où tu vas en voir. Un hybride d’arbre et cactus qui décore parfaitement un terrain vague, un parc naturel ou l’allée de ta maison. C’est reposant un Joshua tree. On dirait que les branches grandissent en s’évitant comme autant de frères et sœurs malheureux. C’est comme un abre qu’aurait dessiné un tout petit : 3-4 branches trop épaisses, et les feuilles tant pis. C’est comme le chaos tranquille d’une nature paresseuse, bref c’est un très bel inconnu.

Tu vas aussi voir une « forêt » de cactus Cholla. C’est des cactus de la taille d’un petit homme recouverts d’épines longues et denses aux reflets de fourrure. Le haut à des teintes jaunes et blanches, le bas noir comme du velours. C’est pas tant la plante qui est impressionnante mais plutôt d’en voir les têtes claires à perte de vue au pied des massifs lunaires du Joshua Tree.

Tu vois aussi des ocotillos. C’est comme de grand rosier dont la plupart des piques seraient remplacés par des minuscule petite feuilles très vertes. Et sur certains, car leur floraison n’est pas saisonnière mais dépendantes des pluies, le bout des branches pointent vers le ciel de petites fleurs rouges bien trop petites pour la hauteur du machin.

Tu vas aussi voir des rochers énormes formés par des coulées de lave sous-terraines. Ils sont bien gros et bien ronds comme des gadins dessinés à la hâte dans un mauvais croquis d’architecte.

Bref, on vient de se prendre 2 jours d’inconnu naïf dans les yeux, on digère tout ça dans l’hôtel de Lost Highway aux portes de la Vallée de la Mort, et demain, on repart pour un nouvel inconnu, avec cette fois, un peu de cynisme j’espère.

Et bien d'autres