On arrive à la Nouvelle-Orléans assez tard, et dès la sortie du terminal, on passe devant un mur de magasins fermés, pour tomber dans le grand hall où Spike Lee a interviewé Phyllis Montana.
Il y a deux œuvres visuelles majeures qui m’ont fait découvrir la Nouvelle-Orléans: le doc en quatre parties de Spike Lee, « When The Levees Broke » et la série de David Simon, « Treme ». C’est depuis la deuxième, la fiction donc, diffusée début des années 2010 que je rêve de voir cette ville en vraie. Mais pendant que ce fantasme se concrétisait il y a quelques mois, j’ai décidé de regarder la première, ce doc pleins de néo-orléanais écorchés vifs, qui te parlent de leur vie et de leurs morts, à peine un an après Katrina. Et dans ce doc il y a une témoin assez marquante, tellement marquante que David Simon a voulu l’embaucher pour jouer dans sa série qui elle aussi met en avant des vies post-Katrina.
Tu peux donc voir Phyllis Montana jouer la femme d’Antoine Baptiste dans Treme, et l’écouter, dans « When The Levees Broke », t’expliquer toute son expérience Katrina devant le vitrail délavé du hall d’accueil de Louis Armstrong International. Vitrail sous lequel, elle, et tellement d’autres délogés de la tempête ont dû camper pendant des semaines en attendant qu’on les emmène au sec, loin de leurs familles et loin de leur culture. Ils seront relocalsés dans ces villes qui leur reprocheront leur survivance.
Alors, après dix ans de « je veux voir New Orleans ! », atterrir là, les yeux bouffis et traverser l’endroit où se tenait ce symbole commun à mes deux références NOLA, c’est un peu le parfait départ pour cette visite de la Nouvelle-Orléans, la ville qu’on regarde se noyer sans rien faire, et ce, tous les 40 ans.