Joyeux Noël.
En prévision des nombreuses fermetures festives on a planifié pour cette journée une visite urbaine avec parc public ! Alors après avoir manqué s’ébouillanter en extirpant sa soupière polystyrène pleine de thé du micro-onde à machin, Mariane et moi sommes partis en direction des quartiers Bayou St. John et City Park.
On a contemplé de nouvelles grosses maisons du quartier tout en lorgnant les potences à mangeaille. En vain, mais aux abords de Bayou St. John, on a quand même trouvé une épicerie devant laquelle se garaient en double file tout plein de joyeux, envoyés là pour choper l’ingrédient manquant du repas de Noël. Certains étaient encore en pyjama… La tradition ici, pour certains hein, c’est de rester en pyjama le jour de Noël, sans pour autant s’empêcher de sortir. Mais qui dit sortir, dit se montrer, et donc adopter un accoutrement bien visible, alors plutôt que de mettre son pyj tout souillon habituel, on se paye des pyjamas assortis, et pour toute la famille ! Donc on voit des grenouillères décorées de motifs peu originaux habiller des familles qui vont essayer les joujous déballés par le petit quelques heures plus tôt. C’est distrayant.
On a pris de quoi manger dans l’épicerie, un wrap dinde (que de la dinde bien sèche et du pain) pour Bibi et des raviolis asiat. pour Mariane et on s’est posées dans le petit parc triangulaire en face ! Le square s’appelait Fortier Park — prononcé Forchié — et on a pu y observer les moins riches du coin partager une table à pique-nique en serrant leurs cannettes de bières couvertes de papier marron.
Le parc était joyeusement décoré par les habitants qui devaient s’y réunir de temps en temps. Je pense que c’est l’endroit qui m’a fait le plus penser à Montréal. Certainement parce que les quartiers qu’on a pu habiter à Montréal pendant les sept ans qu’on y a passés étaient peuplés par le même genre de gens.
Des gens aisés, avec enfants, et dont la situation confortable leur permet d’entretenir des liens communautaires disons… ludiques.
Cette communauté se réunit alors dans un joli parc pour y poser des guirlandes lumineuses ou y projeter un classique de Noël sous les yeux attendris des grands parents. Je ne pense pas que cette communauté mérite moins de louange que celle qui se réunit dans une maison inondée pour en extirper l’héritage familiale tout gorgé d’eau croupie sous les yeux en larmes du propriétaire. Je ne pense pas que le besoin communautaire des riches soit moins important que celui des plus pauvres, je ne pense pas non plus qu’il faille opposer les comités de décorateurs de parcs aux assurances de fortune montées par les Club Sociaux évoqués plus tôt. D’ailleurs je ne doute pas que ces communautés de classes moyennes ont fait leur part après Katrina. Après tout eux aussi, pour beaucoup, ont retrouvé leur maison détruite après un exil forcé de quelques mois.
Mais évidemment ça sera toujours plus touchant de voir des gens s’unir pour sauver leur peau, plutôt que d’autres s’unir pour un besoin superficiel que seul leur insouciance financière peut engendrer: la décoration d’un parc.
Mais en tout cas c’était quand même sympa de manger dans ce parc innocent qui accueillait touristes, clodos et pyjamas locaux avec la même générosité que nos heureux Montréalais.