Une rhétorique des salles de pause est morte cette après-midi.
— Je vais prendre un Kinder Bueno !
— Ah ouais, moi je suis contre le mariage gay !
_Oui, le jour je pinne la même photo de rocking chair que tout le monde, je like le même statut pseudo écologique que les collègues, mais le soir, je suis moi, l’unique machin ou machine ! Celle qui, ça vous la coupe hein ? est contre le mariage gay !
Et le dimanche je mets mon t-shirt bleu et je fais ce que je n’aurais jamais pensé être capable de faire, je vais manifester ! Je participe à ces grandes marches ‘pour tous’ rassemblant entre 30.000 et 300.000 personnes et décorées d’improbables et difficilement explicables drapeaux français.
Et peu importe si des tas de mouvements dits radicaux se trouvent enfin vus et entendus alors qu’ils s’allient un peu tard à ma cause, je me sens un peu moins con, un peu moins conne. J’ai réussi à trouver un sens noble a cet affligeant décalage dont j’avais si honte.
Je croyais être coincé à grimacer en voyant des gays dans la rue, mais ce n’est pas un retard d’ouverture, je ne suis pas différents de mes copains pinterest !
J’ai un point de vue et il vaut autant que celui à la mode !
Bien sur…
Mais on va quand même prendre notre Kinder Bueno ; la loi est passée, les mœurs vont à nouveau et comme toujours faire plier les lois pour faire disparaitre ces vieilles singularités que l’on entretient plus.
Et ainsi on libère les cours d’écoles des stigmates des générations passées qui voudraient que les principes pour lesquels elles se sont battues perdurent à jamais.
Dans quelques décennies ces récalcitrants ridés hausseront les épaules quand leur petits enfants s’offusqueront du traitement réservé, il n’y a pas si longtemps que ça, à leurs égaux homosexuels.
Et ils se souviendront peut-être de leur réaction à eux, quand ils apprirent, bien plus jeunes, que leurs grand-mères avaient vécu sans le droit de vote.
C’étaient d’autres mœurs.