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Alors que tu te déplaces en Lyft (parce que Uber c’est vraiment des connards, contrairement à Lyft et leur logo rose ?) dans la seule ville du monde où ce n’est pas du tout une controverse (peut-être parce que les deux plus gros acteurs du marché payent leur taxes à San Francisco.), et pendant que le chauffeur tripote son téléphone et s’arrête régulièrement pour prendre une personne de plus, tu vois passer dans ta fenêtre les enseignes lumineuses de Twitter, Atlassian, Airbnb, Salesforce, Dropbox, Pinterest… et tu peux pas t’empêcher de faire le parallèle.

Le parallèle entre les chercheurs d’or du 19ème siècle et les méga start-up qui se payent le futur plus haut gratte-ciel de la ville (Salesforce). La différence c’est évidemment qu’on venait à San Fransisco pour trouver l’or, alors que les start-up viennent à San Francisco après l’avoir trouvé mais la conclusion c’est que l’on tombe encore dans une ville multiculturelle non seulement dans son histoire moderne mais aussi, et c’est plus rare, contemporaine !

Et évidement tout en saluant ce fameux multiculturalisme, tu peux pas t’empêcher de remarquer que dans absolument toutes ces bagnoles UberPOOL ou Lyft Line, (1 voiture sur 5, facile), 4 blancs se font conduire par 1 mexicain. Une multiculture du high-tech au sommet de laquelle trône les blancs (et certains Asio-Americains) qui depuis 4 ans ne payent plus que 7$ leurs courses de Taxi !

Alors qu’est-ce que ça fait de vivre au sommet du Mont Blanc (ahah) dans le 2 pièces coquet d’un pote célibataire ? Ben on a une drôlement belle vue sur les jolies maisons colorées de San Francisco sur les fenêtres desquelles rougeoient les rayons du soleil soir et matin ! Et derrière ces milliers de petits carreaux illuminés vivent tant de locataires payant en moyenne 3500$/mois pour 2 petites pièces. Un tapis dorés de taxes municipales de Ashbury au Golden Gate, quel panorama !

On a quand même voulu explorer les autres « peuples » attirés par San Francisco en se faisant des petits « Detours » (nouvelle startup à la mode qui te fait des audiotours sur ton iPhone géoloqué, tellement 2016 !). Le premier : les chinois et Chinatown qui forment quand même un cinquième de la population, c’est pas juste des jolies pagodes ici ! Temples boudhistes, tremblement de terre et CocoBuns yeah ! Le deuxième, la beat génération ! Bob Dylan, Kerouac, tous là dans d’étroits petit troquets à redessiner notre image du monde ! Et le troisième : les gays.

On a passé quelque heures dans le Castro à écouter un Detour raconté par Cleve Jones, un des proches d’Harvey Milk, et après avoir vu les accomplissements (difficiles) de la communauté asiat, on s’est retrouvé là au pied de ce gigantesque drapeau gay qui flotte plus fier qu’une bannière étoilée au dessus de Castro et Market Street. Ce symbole digne d’une nation qui te ramène à l’éternelle oppression passive infligées à ceux qui, même blanc, bien nés, éduqués, ne rentrent pas dans notre bon vieux moule, celui dans lequel on coince prestement nos gamins en s’écriant, soulagé : Ça rentre !

La vérité c’est que ça ne rentre pas, mais qu’à force de coups (pris), de défiance, d’organisation, et d’innombrables échecs on arrive à imposer un drapeau un peu plus haut que les autres, et si certains le remarque (ah ouais tu peux pas le louper) et s’arrête pour y reconnaître un droit d’exister ou en tout cas sa tentative, tant mieux.

Et pendant que tu réfléchis sur ce monde de négation et d’opportunité au milieux des facades multicolores de San Francisco Main Street USA, alors que tu montes ou descends lentement l’une des rues à 45 degrés de Cole Valley ou de North Beach, et que tu t’arrêtes pour observer les collines et ce brouillard qui leur glisse dessus comme la fumée d’un Beatnik, tu peux voir une volée de perroquets verts se poser dans un arbre à un mètre de toi, comme si tout d’un coup les pigeons passaient en Technicolor.

Et là tu te dis ben merde, entre une baie et un océan, San Francisco accueillent ses peuples et recrache sa brume depuis 250 ans et moi, bougre de blanc, je la découvre que maintenant.