USA / Tremé à tout prix

Après les adieux émouvants des amis des crocodiles, on a trainé encore un peu dans le French Market et on est rentré à pied dans notre Airbnb un peu excentré.

Voyager à Noël c’est cher, alors pour économiser sur le logement ce que l’avion nous avait pris, on a évité les Airbnb trop proches du nid à touriste qu’est le Vieux Carré. Ceux-là sont un peu plus jolis mais pas très typiques et surtout chers.

Notre baraque est donc au nord du Tremé, quartier dans lequel se déroulait la majorité de l’action de la série éponyme et déjà mentionnée. La maison a fière allure avec sa facade créole et ses couleurs végétales.

Bon, notre hôte est assez bruyant, il aime à claquer sa porte au milieu de la nuit, il protège jalousement sa cuisine, si bien qu’il a foutu dans notre chambre un micro-onde et un frigo pour qu’on le fasse pas chier, et nous explique comment pas trop mouiller le tapis de bain avant de se présenter, mais c’est pas un mauvais gars ! En plus il a une bibliothèque bourrée de bouquins sur les luttes raciales et musicales dans le Sud ce qui est pas pour déplaire à votre serviteur !

New Orleans est toujours décrite comme dangereuse, mais ce que j’ai trouvé le moins rassurant c’est simplement le fait qu’en dehors du French Market, du Faubourg Marigny, du Garden District, bref des quartiers touristiques, il y a absolument personne dans les rues à part des bagnoles.
Dans notre bout de Tremé, les rares marcheurs traversent la rue jusqu’au dépanneur du coin et basta. C’était peut-être la saison, mais je miserais plutôt sur une ville qui malgré une population très cosmopolite vit quand même principalement en voiture. On dirait bien que tout néo-orléanais prend sa voiture pour sortir de son bloc. C’est ça où ils ont un réseau sous-terrain bien caché.

On remarqua aussi rapidement quand on traversait Tremé à pied pour se rendre à nos destinations du jour, que la séparation des classes d’un quartier à l’autre n’est ni progressive ni homogène.
Tu peux marcher deux blocs visiblement friqués, puis traverser un bloc misérable, et revenir dans un bloc chic. Ici, on dirait bien qu’on se mélange pas, même pas dans les zones en voix de gentrification. Alors forcément, certains coins sont moins rassurants que d’autres à emprunter la nuit et tu peux pas vraiment savoir quand tu vas tomber dedans.

Du coup même si la journée on se déplace à pied, le soir, à la nuit tombée, et sans un groupe de vivants pour nous rassurer, on fait pas les fiers et on prend un Lyft en sentant bien qu’on le regrettera.

Car après tout cette appréciation de sécurité est tout à fait personnelle. Y a des quartiers de Montréal à l’apparence bien dégueulasse, avec pas un chat, et je m’y promènerais en sifflotant à deux heures du matin !

< Bayou ! Fritzel >
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