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Ici une ville touristique c’est avant tout une industrie touristique peu réglementée qui envahit tous les espaces commerciaux et les rues puisque les trottoirs sont encombrés de racoleurs qui te baragouinent les destinations/offres de l’agence avec une maladroite insistance.

Le plus drôle c’est que la plupart te prennent tes billets Perurail dont l’agence se trouve à 20 mètres…

Et donc après Arequipa on craignait la même chose à Cusco.

Alors, c’est pire… mais c’est Cusco !

C’est des murs incas absolument partout sur lesquels se dressent une multitude de maisons blanches à balcons coloniaux.

C’est une places d’armes très vaste flanquée d’une église et d’une cathédrale et de façades à arcades et balcons au caractère bien plus unique que les bâtiments monotones de celle d’Arequipa.

C’est des collines habitées (déjà par les incas et leur murs) aux ruelles étroites et peu fréquentées.

C’est une ville dans laquelle se sont succédé plusieurs civilisations dont l’héritage — grâce au pragmatisme de la dernière qu’a pas voulu se faire chier à refaire les fondations — a pu subsister en dur. Tous les vestiges de ces civilisations, Killke, Incas, nous (Yeah…?) s’observent, se touchent et se traversent parfois. Et lorsqu’on voit le couvent Santo Domingo s’élever au dessus des restes du temple Qurikantcha ou lorsqu’on entre dans un petit resto qui dans ses toilettes présente un bout de mur de pierres taillées ornées de bondieuseries, on sait qu’on est au croisement malheureux de deux mondes ! Entre le continent individualiste et les montagnes communautaires certes mais aussi sans poudre et sans chevaux.

Et aujourd’hui encore deux mondes s’entrechoquent, celui des Péruviens et de leur pouvoir d’achat très modeste et des touristes qui ici, contrairement à Arequipa ont généré une culture un peu alternative. On croise régulièrement des restaurants végétariens à la Crudescence et des cafés un peu différents. (Notez que pour se démarquer suffit déjà d’arrêter de faire comme s’il faisait chaud en laissant tout ouvert sur la rue.) Le quartier de San Blas ferait presque penser au Mile End.

Bref Cusco c’était :

— Dégage débile, l’or c’est pas fait pour des bracelets et des assiettes. Par contre ils sont chouettes tes murs, on va les garder. Je m’en fous de savoir comment t’as fait.

Ah et tiens, voilà Dieu !

Maintenant c’est :

— J’adore ton pays il est vraiment magnifique.

Par contre si les premiers jours je trouvais ça fun tes 14 variétés de patates et ton maïs blanc, là j’ai besoin d’équilibrer. Et pis tu vas me fermer cette porte bordel !

Se péter le pied !

Moi j’aime bien faire ça partout où je vais. J’ai pu comme ça tester les hôpitaux du Japon en 2005. Évidemment pour pas non plus bousiller tous mes os dans cette exploration fascinante des systèmes de santé internationaux, j’utilise toujours le même pied. Le gauche.

Arrivés à Pisac, petite ville dans laquelle on avait espéré passer le dimanche (messe en quechua, marché célèbre, ruines en forme de condor), avant de retourner sur Cusco, voilà que je vous fais une petite pirouette chaussée-trottoir riche en soupires et grimaces.

Évidemment je comprends immédiatement cette situation familière du pétage de pied à l’étranger et à partir de là laisse ma moitié gérer la situation puisque j’en menais pas large sur mon trottoir tordu de 40cm de large.

Centre de santé juste en face ! Faut pas que ces expérimentations soient trop risquées non plus, je prépare un certain encadrement genre Pékin Express.

J’ai eu droit à une infirmière rassurante, à une piqure dans le cul au milieu de l’entrée, à un bandage, et au masque à oxygène.

On nous a invité à prendre un taxi pour Cusco afin de faire une radio. Donc Taxi oh combien délicat sur la route — d’où on voyait vraiment bien le condor — et direction la Clinica Prato à Cusco.

Là bas urgences normales mais sans attente, radio séchée au ventilateur et un mec qui me baragouine mon problème (je revivais vraiment mon Japon). J’ai bien vu sur la radio la petite fracture à la malléole latérale — je trouverais le nom plus tard.

On a attendu l’arrivée du Dr. Bueno qui par chance parlait Français, ce qui m’évita de regarder ma traductrice volontaire à chaque fois qu’il ouvrait la bouche.

Il a contemplé la radio tout juste sèche pendant qu’on contemplait la déco du cabinet. Dans un faux cadre doré, un bloc opératoire rempli d’infirmiers et chirurgiens penchés sur le patient endormi. Et au milieu de ces blouses affairées se tenait bien droit tout en barbe et robe de bure, juste… Jésus. Si j’avais été péruvien je me serais jeté au pied du tableau :

¡Santo Jesùs, hijo de dios! J’allais justement me taper une messe en Quechua demain !

Bref petite fracture pas méchante. Un petit plâtre d’un mois et un rire quand il a appris qu’on avait fait le Machu Picchu la veille — Là haut je regardais mes pieds !

Pour me consoler on a pris un bon hôtel à Cusco. On une chambre au rez-de-chaussé type nobilité hispano, une tisserande traditionnelle dans le lobby qui n’a rien à envier au magiciens d’hôtels américains, 5 mètres de plafond, un chauffage plus petit qu’un sac à main, un placard de bois sculpté, un immense miroir colonial, une baignoire pas coloniale, un chiotte avec un ruban « desinfectado », pas de wifi dans la chambre (une première) et surtout 4 chaises énormes au cas où le Marquès de Patatra souhaiterait recevoir.

Il nous reste quelques jours, je vais tenter de profiter en béquilles. Surtout que contrairement à la dernière fois, je le vis à deux, et pas avec n’importe qui.

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C’est gênant de prendre en photo des gens. Là où on est passé elles ne portent pas leur « costume traditionnel » pour se faire prendre en photo pour 1 sole comme à Cusco, elles le portent pour exécuter leur tâches quotidiennes. C’est pas un déguisement, ça n’appelle aucune attention, ça ne se prend pas en photo :/ Et dans la campagne (montagne) c’est vraiment la moitié des femmes, jeunes ou vieilles qui s’habillent comme ça.

Comment déjà ?

Un chapeau de feutre à larges bords pour protéger du soleil, un ou plusieurs hauts chauds et parfois brodés, plusieurs couches de jupes évasée/plissée pour pouvoir s’accroupir ou se baisser facilement, un tablier coupé comme la jupe et curieusement bien plus beau que ce qu’il protège et sous la jupe des collants très épais qui finissent dans de petits mocassins simples et foncés ou des sandales.

Les chapeaux diffèrent beaucoup entre les régions, ils peuvent être brodés ou décorés, plats ou hauts, carré ou rond.

Les hommes eux ne portent plus de costume particuliers. Peut être bien que les conneries qu’ils achètent à l’occident suffisent à leur tâches à eux.

Pour les photos ça se google facile.