De Huancavelica à Pisco, c’etait notre deuxième voyage vraiment péruvien.
Le premier c’était de Huancayo à Huancavelica avec Ticllas. Pas de grosses couchettes, de télé dans les sièges ou de wifi. Non, non. Un car avec dans la soute des centaines de kilos de patates et de fruits, une trentaine de boîtes de graines et 2 sac à dos Quechua qui trouvèrent leur place bien tardivement après que toutes ces charrettes venant du plus gros marché de la région aient été chargées.
C’est pas facile d’identifier les gens de la compagnie, les employés. La meuf qui déchirait nos billets (une fois le car parti) portait son bébé en écharpe. Donc on a juste attendu pour caser nos sacs.
En haut, oh surprise, des Péruviens modestes. Beaucoup de femmes tresses et chapeau que nous connaissons tous et des hommes de tous âges.
Dans le petit compartiment au-dessus des sièges, des sacs à la Tati dont un où gigotait une poule ! Faut reconnaître que nous n’étions pas les seuls surpris par cette petite tête hyperactive. Ça doit pas être si courant…
Le bus s’arrêtait toutes les 10 minutes pour prendre ou faire descendre des gens devant leur maison ou leur village ou encore laisser monter des adolescentes ou des vieilles chargées de poulet grillé, d’empanadas, de toutes sortes de trucs à bouffer parfois aussi compliqués qu’un plat en sauce. Une fois à bord elles faisaient des va-et-vient dans l’allée encombrée du bus en criant le nom de leur truc et ce jusqu’au prochain « arrêt ».
Tout ça dans un décor énorme puisqu’on était déjà dans les Andes, déjà à plus de 3000 mètres et sur des routes à flanc de montagne si étroites qu’on semblait voler avec ces drôles d’hôtesses de l’air promenant leur viande devant le panorama.
On arrivait ensuite à Huancavelica dans un espèce d’entrepôt agricole transformé (deux fois par jour) en gare de bus…
Notre deuxième voyage bus bus on l’a passé la nuit et encore une fois dans un car d’une compagnie péruvienne utilisé par les Péruviens, Oropesa.
Embarquement à la gare de bus de Huancavelica cette fois, la vraie. Gare de bus qui paraît abandonnée, puisque toutes les compagnies ne vendent plus leurs billets qu’en centre ville, mais qui vit quand même un peu avec les deux magasins qui restent et ses chiottes au bout d’un long couloir de guichets désertés.
Beaucoup moins de marchandises pour ce trajet jusqu’à Pisco mais on a pu remarquer en attendant près du car que vivait dans la première soute un petit bonhomme. Le deuxième chauffeur, assis sur son petit lit de boat people se réveillait en souriant après que l’employé de la compagnie soit venu le libérer.
Cette fois pas de poule, non, juste un mec avec un fusil d’assaut qui s’installait tranquillement sur son siège, l’arme sur les genoux comme pour partir à Kaboul… Et là ça avait vraiment l’air de surprendre personne.
C’était un voyage de nuit avec peu de place pour les jambes et pour seule distraction Schwarzeneger qui faisait le dur en espagnol dans la télé au plafond et des pauses pipi dans des villages abandonnés.
Mais alors qu’un mec armé dormait tranquillement à deux sièges, les Andes éclairées par la pleine lune glissaient lentement dans les fenêtres du car tout sombre. Et de ce moment physiquement inconfortable gonflait une sensation de sécurité, comme si ici, avec le débile, sa mitraillette et le chauffeur de rechange endormi dans la soute, on était exactement là où l’on devait être. Le petit moment vécu en Combi quelques heures plus tôt avait vraiment éclairé le séjour.
On allait descendre au bord de la route à 3 heures du matin en espérant trouver un taxi (qui nous sauta dessus aussitôt le pied posé sur le bas côté) dans un pays méconnu (un peu plus maintenant) et on était près à recommencer.
C’est peut être tout simplement qu’on le connaissait assez ce pays, pour ne plus avoir à s’en méfier.
Mais promis, on continue à surveiller nos sacs et ce soir on part à Arequipa dans un gros bus de riches avec couchette, wifi et plateaux-repas. La réalité ça va bien deux minutes…