Ah le privilégié !
Il monte dans son taxi en grognant parce qu’il est sale et découvre, courant de part et d’autre des vitres manuelles, des dizaines de petit bus colorés remplis d’actifs péruviens qui commutent dans les cris des klaxons.
Des minivans, des minibus, des vrais bus, il y’a toutes les tailles et toutes les couleurs, le seul point commun c’est qu’ils trimbalent le double de leur capacité légale.
Sur la banquette avant, pressé contre la fenêtre, un chauffeur très agile mais très énervé, dans la porte arrière toujours ouverte un type qui gueule la destination et qui au prochain arrêt fera monter encore plus de monde dans son « bus » déjà plein.
Ah le privilégié ! Il découvre aussi des taxis encore plus sales et plus vieux que le sien visiblement réservés aux péruviens un peu plus aisés que ceux des bus.
Bref, c’est tout un peuple qui réinvente le « mais qu’est-ce qu’on se fait chier pour aller bosser! », mais le privilégié, lui, à deux dans son taxi, il est ravi, tout excité, il en a plein les yeux, plein les oreilles, il vit sont Pékin-Express (pas si pire).
Et vas-y qu’il les prend en photo les minibus, mais les visages aussi. Avec leurs yeux fatigués mais ouverts, et qui, comme tous les matins lorsqu’arrivent les arrêts bordant l’aéroport, cernent l’humiliation des cons du nord alors qu’ils découvrent dans la joie et les flashs comment se réveille l’autre hémisphère celui qu’ils bouffent depuis 5 siècles.
(Nous on était dans le taxi)