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Ah le privilégié !

Il monte dans son taxi en grognant parce qu’il est sale et découvre, courant de part et d’autre des vitres manuelles, des dizaines de petit bus colorés remplis d’actifs péruviens qui commutent dans les cris des klaxons.

Des minivans, des minibus, des vrais bus, il y’a toutes les tailles et toutes les couleurs, le seul point commun c’est qu’ils trimbalent le double de leur capacité légale.

Sur la banquette avant, pressé contre la fenêtre, un chauffeur très agile mais très énervé, dans la porte arrière toujours ouverte un type qui gueule la destination et qui au prochain arrêt fera monter encore plus de monde dans son « bus » déjà plein.

Ah le privilégié ! Il découvre aussi des taxis encore plus sales et plus vieux que le sien visiblement réservés aux péruviens un peu plus aisés que ceux des bus.

Bref, c’est tout un peuple qui réinvente le « mais qu’est-ce qu’on se fait chier pour aller bosser! », mais le privilégié, lui, à deux dans son taxi, il est ravi, tout excité, il en a plein les yeux, plein les oreilles, il vit sont Pékin-Express (pas si pire).

Et vas-y qu’il les prend en photo les minibus, mais les visages aussi. Avec leurs yeux fatigués mais ouverts, et qui, comme tous les matins lorsqu’arrivent les arrêts bordant l’aéroport, cernent l’humiliation des cons du nord alors qu’ils découvrent dans la joie et les flashs comment se réveille l’autre hémisphère celui qu’ils bouffent depuis 5 siècles.

(Nous on était dans le taxi)

Au Pérou comme dans toute l’Amérique du sud personne ne boit l’eau du robinet !

Par contre à Lima on a el Parque de la Reserva avec ses dizaines de fontaines « interactives » (dont une poussant son jet à 80m de haut) et son spectacle aquatique + feu d’artifice tous les soirs.

Voila comment on s’amuse quand on a pas d’eau potable.

Le wifi dans le bus, des sièges plus large qu’un obèse et complètement inclinables, des écrans individuels, un repas gratuit, et deux toilettes.

On est évidemment mieux que dans l’avion ou certains hôtels.

Ça tranche avec la journée d’hier où on a vécu le quotidien de la couche sociale intermédiaire liménienne. Des bus modernes avec leurs voies et quais surélevés le long de l’autoroute qui traverse l’agglomération, comme on peut en voir dans certaines villes d’Amerique du nord. C’était juste bondé, rien d’extraordinaire.

Lima, à part quelques places et ruelles à touristes, c’est moche, bruyant et pas franchement sécuritaire. Vraiment. C’est la version dystopienne d’une grande ville espagnole. C’est fascinant mais on a pas trouvé de petit coin tranquille où se poser cinq minutes au calme.

Il y a évidemment Miraflores, la Costa Verde, que la croissance des années 70 a posé là en bord de mer pour les expatriés et les riches liméniens mais ça n’évoque guère qu’un petit Monaco moins propre et barbelé. C’était juste sympa de remonter les rues pendant Brésil – Colombie (un écran tous les 6 mètres) mais sans plus.

On quitte la capitale pour Huancayo. On était déjà contents après 1 heure de voyage de revoir le ciel. Il a dû se prendre la tête avec les nuages et la pollution de Lima car on dirait bien qu’il n’y fout plus les pieds depuis la chute de Fujimori.

On roule dans des hautes montagnes arides et toutes tordues à environ 32 km/h… On est bien, tout inclinés, tout chaud dans nos coussins et couvertures. On vit l’un des derniers moments relaxants de transport que peut offrir ce début de siècle même à nous, les privilégiés.

Il en coûtera cet article beaucoup trop long…