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On a quitté Arequipa et ses musicos « andins » qui jouent Let It Be à la flûte de pan pour Puno.

On a donc enfin vu et traversé l’Altiplano ! Une immense plaine sèche (altitude moyenne 3700) qui s’étend sur des kilomètres…

Sur la route on nous avait promis des lamas. Ben ouais, c’est un peu la quête primaire ici. Et pour l’instant dans tout notre périple on en avait pas vus.

Autant dire qu’aussitôt le panneau jaune « traversés de lamas » aperçu, tout le bus se mettait en branle. Ouhla ‘tention ! Des doigts hésitants qui pointent les fenêtres avant se raviser. Des oh français, des o italiens, des nein allemands. Mais rien. Rien que la pampa à perte de vue et les déchets tout le long de la route.

Il fallait attendre la deuxième partie du chemin pour en voir plein des lamas, de toutes les tailles, de tous les poils, de toutes les sortes dont parlent les guides. Tout ça alors qu’on passait une route à 4200m :/ Pour info le Mont Blanc c’est que 600m de plus hein…

Bref là on est redescendu au 3800 de Puno et du lac Titicaca, « le plus haut fleuve navigable du monde » ! Un régale pour ce retour à 3000+, impossible de dormir malgré la berceuse rassurantes des chiens errants.

Le guide du car nous a prévenu, il n’y a que deux choses à Puno (3 avec les chiens), la place d’armes et le parc Pino, et please, ne donnez pas d’argent aux enfants.

On mettra ça au clair demain, on va bien se trouver un petit marché !

Alors que dans nos églises l’expression faciale du Christ en croix ressemble toujours à un mec qui a vaguement mal à la tête, ici on se rapproche plutôt d’une pub pour la sécurité routière.

 

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La cuenta por favor...

La cuenta por favor…

 

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Faut que ça te foute les jetons quand tu tournes la tête ou madre de dios c’est pas Chrétien !

On a fait les îles ! Celles du lac Titikaka. Ça se fait généralement sur deux jours avec une nuit chez l’habitant.

On a voulu faire sans agence de voyage et passer par les communautés locales direct pour finir comme des cons à suivre au pas de course un guide (la fille du capitaine) en rangs serrés.

Mais qu’à cela ne tienne, à part le fait de ne pas pouvoir se poser 5 minutes pour contempler le paysage on a quand même été très proches de la vie péruvienne.

À savoir on s’est pelé le cul dans une petite chambre en adobe, dans une petite cuisine en adobe et dans des petites toilettes en adobe.

Le moment le plus chaud a été la soirée costumes traditionnels où tu fais la ronde en balançant les bras sur un morceau flûte-de-pané par des gamins du coin (qui doivent répéter dans un petit garage en adobe).

On a dormi sur Amantani (chez le capitaine). C’est l’île la moins touristique même si, en haut de la colline du temple de Pacha Mama, au coucher du soleil, se retrouve une meute de touristes (amenés là par l’une des centaines d’agence de voyage locales) qui font trois fois le tour du temple vu que tous les guides leur racontent qu’on peut faire un vœu à la troisième passe… Chouette celui de leur anniversaire s’était justement pas réalisé.

Avant Amantani on vu les îles les plus connus, les Uros, les flottantes. Toutes petites îles artificielles créées sur de la terre et des tapis de gros joncs. Là on y accueille le touriste en lui faisant bien entendu croire qu’on y vit à l’année alors que 80% de ces Urus se contentent d’ouvrir l’île le matin et de la fermer le soir avant de retourner à Puno bien au chaud (enfin au sec).

Le groupe était composé pour moitié de français bien plus appréciables que ceux régulièrement évoqués dans ce blog. Dont 3 déjà croisés à notre hôtel d’Arequipa. Et donc pendant les heures passées à renifler le doux carburant du moteur de tracteur que Captain Ignacio avait monté sur son rafiot, on a pu sociabiliser avec des français de France, chose qu’on ne fait plus beaucoup…

Retour à Puno pour rejoindre Cusco le lendemain.

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Évidemment que c’est extraordinaire, évidemment que ça n’égale aucune visite déjà vécue. Même si je pense vraiment qu’il faut monter une des deux montagnes pour apprécier de haut le spectacle de cette « cité » évoquant le Puma, le Condor et le Serpent (la rivière) qui glisse au pied de ces pics tropicaux.

Mais commençons quand même par ce qu’il y a derrière la carte postale.

Alors déjà tu montes dans ton train qui, peu importe la classe ou plutôt le degré de fausse aventure, te joue une musique péruvienne aux consonnances un peu dance. Personne regrette ocarina of time !

Ensuite faut reconnaître que grâce aux larges fenêtres du Vistadome, tu peux pleinement apprécier la végétation changeante qui passe d’une vallée assez verte à une jungle très fournie.

Dès que tu descends du train, tu marches vers une station de bus mystérieuse située de l’autre côté de la rivière de la cauchemardesque Aguas Calientes sur laquelle on reviendra bientôt.

En fait il n’y a qu’une route empruntée par les bus et donc visiblement un seul moyen d’atteindre (sinon à pied) l’entrée du Picchu !

Queue pour acheter ton billet de bus, queue pour monter dans le premier de la file interminable qui longe la rue et ensuite montée tendue sur une piste en terre avec une vista incroyable chaque fois que les zigzags du bus alignent ta fenêtre sur la montagne d’en face — que l’on aura dépassé 25 minutes plus tard.

Débarquement devant le contrôle des billets/toilettes/restaurant $x4 et petite grimpette entre amis (657) jusqu’à l’entrée du site où chacun est libre d’aller un peu où il veut à la rencontre de pierres ou de lamas importés là pour nous dans ce milieu si différent de leur habitat naturel.

Et à partir de là, à part ces lamas nourri au Snickers, il faut reconnaître que le site ne déçoit pas. Du fait de la main-mise des agences de voyage et autres acteurs touristiques qui craignent une seule chose : qu’on n’ait pas besoin d’eux ! Grace à ceux là, il n’y a pas vraiment d’indications ou d’explications muséologiques, ce qui laisse donc tout ça assez vierge si ce n’est quelques passages interdits et deux-trois mecs déguisés en Patrice Lafond-Fort Boyard qui sifflent dès qu’un badaud enjambe une cordelette ou mange un sandwich.

Je pense que le derrière poisseux de la carte postale s’arrête donc là, dès qu’on voit apparaître sa première ruine et s’éloigner l’entrée.

On a choisi de faire la montagne Machu Picchu, c’est à dire une montagne en face du site (500m de dénivelé) à ne pas confondre avec Waynapichu qui le domine et permet de voir ce que, à grand renfort de terrassements et autre façonnages de panoramas, les Incas voulaient voir : un condor, un puma et un serpent.

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On en a bien évidemment chié comme un français en Chine sans smecta, mais pleine satisfaction après avoir grimpé des escaliers 5 fois centenaires sans parapet (est-ce la peine de le préciser) plongeant sur 800 mètres d’un vide tapissé d’une végétation à la Kippling. Et de voir à travers le rideau mouvant des nuages, apparaître, pour quelques secondes seulement ou 5 minutes, la superbe, la perdue, la cité des Incas.

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En haut, une quarantaine de cons perchés sur un sommet bien étroit. On est resté quelques minutes à la pointe populée mais curieusement assez peu de gens, après avoir craché tous leurs poumons pendant une heure et demie, ont envie de contempler en silence le Machu Picchu qui cette fois-ci s’était pleinement découvert.

Non, ignorant le panorama comme la fresque d’une mauvaise pizzeria, ils se passaient du jambon, racontaient leur trajet de train ou échangeaient sur leurs lieux de vie respectifs (quand t’es américain tu adores ta ville natale, mais pas autant que celle de ton interlocuteur que tu complimentes de milles onomatopées, la bouche bien ouverte).

Bref, on a vite glissé un peu plus bas pour contempler en silence la vallée et, entre deux nuages, ce pour quoi on était monté.

C’est n’est pas que pour lui qu’on est au Pérou. C’est même presque décourageant tout le bordel incontournable qui tourne autour de la préparation à la visite de ce site. Mais c’est l’allégorie parfaite de ma raison à moi, la raison qui m’a poussé à abandonner mon mode de tourisme habituel pour adopter celui expérimenté ici.

La finalité.

La finalité c’est de se retrouver en face d’une péruvienne en tresse et chapeau qui ramasse des patates. De sillonner des pistes montagneuses dans des les minibus bringuebalants qui mènent le quotidien de ces péruviens qui ne parlent jamais trop fort, ne regardent jamais trop loin.

C’est de remonter des marchés au mille étals déballés à même le sol où ne manquaient finalement que des normes d’hygiène (même basiques) et quelques légumes verts.

C’est de remonter des chemins où l’on ne croisait que des enfants avec sur le dos, suivant leur classe sociale, un cartable ou une brassée de bois.

C’est de voir ce que le ministère du tourisme n’a pas mis dans sa brochure et aussi d’accepter qu’ils ne vivent pas comme toi. Et je parle pas juste de laisser la porte ouverte mais bien du confort quasi inexistant de leur classe moyenne.

Bref, c’est de passer un mois dans un pays nouveau au décalage culturel et social. Tout ça on ne peut pas le faire depuis un bon hôtel et en valise à roulettes…

On en a vu des tours opérateurs qui te font vivre leur Pérou en 10 jours. On l’a même fait l’espace d’une journée. Ils les trimballent, leur clients, d’hôtels en hôtels, de bus en bus, de villes en villes, de temples en temples.

— 30 minutes sur site. Dépêchez-vous s’il vous plait.

Ces deniers reviendront finalement plus crevés que nous et avec une image du Pérou encore plus fausse que celle qu’ils avaient auparavant.

La finalité c’est donc aussi de voir le Machu Picchu depuis sa « montaña » en oubliant la sueur sur son t-shirt pour se dire que cette montagne verdoyante encerclée par la rivière et portant sur elle des murs oubliés pendant 400 ans, ainsi que son condor et son puma ne pouvait pas s’apprécier d’en bas, du bus, du taxi, du confort si rassurant que j’associais, que j’imposais aux voyages.

En bas tourbillonnaient des dizaines de groupes suivant un petit drapeau. Ils n’auront vu rien de plus que des cartes postales animées avant de retrouver leur maison et leurs idées inchangées.

Mais nous on était là-haut avec derrière nous la quasi totalité d’un périple qui aura réajusté beaucoup de choses, et dans nos yeux le manège gigantesque du ciel, des montagnes et des hommes (qui n’avaient plus de jambon).

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