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Valley of Love : Huppert + Depardieu.

L’histoire d’un couple de stars françaises divorcé et dont le fils récemment suicidé a envoyé une lettre à chacun de ses parents pour qu’ils se retrouvent dans la Death Valley dans l’espoir, tenez-vous bien, de l’y revoir une dernière fois. Évidemment ça nous a un peu donné le thème de la journée.

Depardieu et Huppert dans la Vallée de la Mort c’est comme si les deux chefs de l’état d’esprit français s’étaient rendus là-bas. Ils s’engueulent, ils se plaignent, ils se cachent derrière une froideur condescendante dès qu’un américain leur parle du beau temps et pestent contre la mauvaise réception de leur téléphone portable. Il est gros et il sue, elle est belle et hautaine. C’est la France en voyage (qui a perdu son fils).

Le film est tourné à plusieurs endroits du parc et surtout à Furnace Creek Ranch, le resort au coeur de la Death Valley où tu peux entre deux pauses photo, manger un burger, piquer une tête, faire un golf ou encore tripper dans le magasin où Isa achète sa soupe dans ce film que personne a vu ! Pour moi, impossible en faisant le Death Valley National Park, de ne pas penser à Isa et Gégé, en sueur, courant après leur fils mort dans chacun des points de vues mythiques de la Vallée de la Mort.

Évidemment le réalisateur a pas choisi le lieu par hasard, c’est dans ce genre de cadre-là que l’on peut vraiment contempler notre petitesse. C’est difficile de réaliser l’insignifiance humaine devant des constructions anciennes. Oui la Muraille de Chine, oui le Machu Picchu, oui n’importe quelle merveille du monde, mais faut bien reconnaître que ça ne sert guère notre modestie toutes ces belles merdes laissées là par des hommes. Et pour tous les français, à part ceux qui vivent dans le Massif Central, il faut aller très loin pour observer des panoramas sans traces humaines à perte de vue (ouais y a la mer mais bon).

Bon ici, il y en a pas mal des traces humaines, des routes et des parkings principalement, mais suffit de se tourner du bon côté pour les virer du cadre. On peut aussi marcher quelques minutes, trouver une petite colline, laisser la voiture loin en bas et embrasser le silence formidable de la Vallée de la Mort. Et là, alors que rien d’humain ne pollue ton champs de vision, tu peux observer des kilomètres de montagnes multicolores, figées là depuis des millions d’années, et penser à l’amplitude incalculable entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, et à toi, pauvre con, perdu quelque part sur cette échelle vertigineuse.

Cette échelle limitée à nos sens étriqués, ça donne les grains de sables sur tes baskets pour le plus petit et ces montagnes gigantesques qui moutonnent jusqu’au fond là-bas où elles disparaissent dans une dentelle bleutée. Mais entre ce petit et ce grand-là, il n’y a que toi : ben merde !

Et pis fatalement, t’entends Gérard qui beugle en sortant de Mosaic Canyon.

— Il m’a pris les mainnnnnns ! Il m’a pris les mainnnnnns et il m’a diiiiiiiiiiiiit… !

Comme seul notre Monument National à nous peut le crier à une Isabelle Huppert en larmes.

Ouais faut avoir vu le film pour vibrer, mais bon, j’ai entendu l’écho de Gégé percuter les dolomites toute la journée alors je partage.

Allez pas d’excuse (si ce n’est qu’il n’est que sur le Netflix ricain)