Beaucoup de badauts, comme pour chaque première manche des présidentielles se demandent si ça vaut le coup de voter pour un candidat qui, visiblement, ne passera pas le premier tour. Bref, faut-il céder à la pression du « vote utile ».
Cette élection est déjà sans précédent. Non seulement les candidats des deux grands partis historiques — les anciens défendeurs du vote utile — sont en position de faiblesse par rapport à, d’un côté le nouveau parti vide de Macron, et de l’autre le vieux parti familial des Le Pen qui pour la première fois est quasi assuré d’être au deuxième tour.
Étant donné les infimes chances de gagner ce duel ultime pour notre poissonnière nationale, cette élection va se jouer au premier tour.
Autrement dit, peu importe qui part en face de Marine sera le prochain président de la république (et son nom rimera avec ballon).
Ça c’est pour le contexte, mais la réflexion quand au choix de ton vote du premier tour n’est pas vraiment différent des fois précédentes. En fait si ton champion est Mélanchon ou Hamon ou Fillon ou Dupont, pourquoi choisir de censurer ton vote ? Peu importe que ton candidat ne se rende pas au deuxième tour, son pourcentage au premier définira l’influence de son programme, de ses idées et la place de ses militants dans la politique future de la France.
Si ton champion c’est Hamon ! Votre pour Hamon. S’il fait un score honnête, il restera le visage du PS pour les 5 ans à venir et tu n’auras plus à voir la gueule de Valls et Montebourg ! Le but des Valls et des Montebourgs (que tu peux pas blairer si Hamon est ton champion) c’est évidemment que Hamon se plante bien comme il faut pour récupérer le PS après le 7 mai. T’auras droit à un bon « on vous l’avait bien dit » et ta gueule, rentre à Clichy.
Si ton champion c’est Fillon, vote pour Fillon. Si tu penses que Sarkozy et Juppé ne représentent pas la droite qui te ressemble alors le meilleurs moyen de faire de Fillon le nouveau chef des Républicains et d’enterrer Sarkozy pour de bon, c’est de lui donner un score conséquent au premier tour. Parce que si Fillon se ramasse, c’est la même que pour la guerre des roses, Sarkozy revient direct.
Si ton champion c’est Mélenchon, mais alors bon dieu, vote pour Jean-Luc ! Le meilleur moyen de s’assurer que sa vision de la politique continue d’influer sur le futur de la France c’est de lui donner des pour-cents dès le 27 avril. Sa voix portera encore longtemps. On s’assure que sa France insoumise restera importante dans les cinq prochaines années et qu’il sera à nouveau candidat dans 5 ans.
Le but des favoris des sondages, d’une Le Pen, d’un Macron c’est que tu abandonnes ton champion et que tu vendes ta voix au futur gagnant. Ainsi ton petit candidat et son mouvement mourront sous l’humiliation de ses 5%. Manu et/ou Marine pourront récolter plus de sièges à l’assemblée et ignorer les plaintes distantes de ces anciens petits candidats que TF1 n’invitera sûrement plus. Ils pourront gouverner seuls sans concession avec tes idées, celles que tu retrouvais dans ton champion.
Les hommes politiques font des calculs, mais nous en tant qu’électeur on ne peut pas se permettre de jouer à ce jeu-là. On soutient pas le futur gagnant, on attend pas un portefeuille au ministère ! Ce que l’on veut, en tant que citoyen, c’est une écoute de nos positions, et quoi de plus efficace que de faire remarquer le candidat qu’il les exprime le mieux, sur la seule scène légitime de notre république obsolète ?
Et n’oublions pas une chose, si Macron obtient beaucoup dans les sondages c’est avant tout que les sondés ne sont pas emballés par les autres. Il est leur « moins pire », mais ça ne veut pas dire qu’il vont se déplacer pour mettre son bulletin dans l’urne le 27. Toi par contre, tu as le pouvoir de le faire et qui sait, de changer le duel du deuxième tour.
Bref, si tu veux pouvoir revoter pour ton champion aux législatives, dans les années qui viennent et qui sait au deuxième tour : le 27 avril, vote pour ton champion !
Et le 7 mai, ben il y a de forte chances que tu votes contre Marine, ça sera pas la première fois…