Projet 202

Mon premier séjour au Japon!
3 mois de 2005, beaucoup d’automne et un peu d’hiver.
Et ma chambre portait le numéro 202… À l’époque ça paraissait cool…

Il y avait des objets du jour aussi.

Suivront les projets 204 et 201

Alors on va essayer de relater cette journée Kyotoïte aussi fidèlement que possible.

Je me suis levé tôt bien sûr pour choper mon train qui partait de Ueno. Jusque là, je sais faire. Sauf qu’en fait il partait pas de Ueno, mais de Tokyp. Pas grave, j’ai hérité d’un gène paternel plutôt prévoyant en matière d’anticipation. Donc je me pointe à Tokyo, et je monte dans mon Shinkansen. Y a deux types de Shinkansen, l’Hikari, le vieux qui dessert bien plus de gares et met bien plus longtemps, et le Nozomi, celui que j’avais reservé.

Alors le Shinkansen, comme on voit sur la photo, il est très large, et pour être honnête, c’est le seul avantage qu’il gagne sur le TGV. Compatriotes craintifs, relevez-vous, on a pas de soucis à se faire. On a vraiment l’impression d’être dans un avion dans le Shinkansen. D’abord les fenêtre sont coupé comme de gros hublots, la matière qui recouvre les parois est celles des avions, et finalement, point qui en séduira certains, tout le monde est dans le sens de la marche. (ben oui mais nos gares à nous, ce sont toujours des culs de sacs, on a pas le choix !)

Ensuite, il y a une gamine qui passe dans les couloirs avec un chariot garnis, mais pas de wagon restaurant. C’est con parce que quand on afin il y a que leurs distributeurs de boisson ou chips.

M’enfin. A part ça les Ponnais sont toujours aussi silencieux et on a quand même bien plus de place pour étendre ses jambes ! Le contrôleur en rentrant dans le wagon se présente, nous fait un petit discours déférent puis se courbe bien poliment, ça change du « Bonjour msieur-dames ». Voilà pour ShiShi.

Donc après avoir bavé devant le gigantisme du Mont Fuji, j’ai regardé le paysage japonais pendant les deux heures restantes et je suis arrivé à Kyoto, accueilli par le désormais célèbre « Kyoto, Koto desu » de Lost in Translation (si vous n’avez pas aimez ce film… toute façon vous avez dû arrêter de suivre mon site depuis longtemps…)

Et là je dois dire que j’étais super content, car le ciel m’a confirmé ce dont la météo m’avertissait depuis une semaine : temps de merde, mais alors juste Mardi, pas la veille, pas le lendemain. J’étais plutôt perplexe dans mon centre commercial sous-terrain tout laid à chercher LA GARE DE KYOTO dont tout le monde m’avait parlée, vaguement distrait par une version ascenseur de Michel Fugain !

Je l’ai finalement trouvée, et oui ouffa, énorme le truc. Ce qui est aussi marrant c’est qu’il faut s’imaginer cette structure colossal de verre et d’acier, d’à peu près 300m de l’arge pour 80m de haut, n’hébergeant finalement en son centre que 6 portillons RATP… Evidemment la gare est grosse derrière et en sous-sol, et y a un centre commercial, mais la seule chose apparente dans cette structure de verre, ce sont les petits portillons héhé.

Bref, j’ai abandonné ma recherche de parapluie transparent après un quart d’heure, j’en ai acheté un opaque et j’ai cherché les bus. Je voulais aller voir Gion (pronconcé guillon hein, vous perdrez moins de temps que moi) et j’ai attendu un bus, en consultant la carte très pratique qu’ils m’avaient filée, carte des bus pour les touristes et en anglais s’il vous plait.

Et j’ai même découvert pendant le trajet qu’il y avait un pass pour la journée à 500Y youhou (oui on paye quand on descend parfois ici). Enfin j’ai vu GION ! C’est ENORME. Magnifique, le Japon comme il est introuvable à Tokyo. Des petites ruelles anciennes, des bâtiments tout en bois, et certains même récents construits comme dans le temps. Pour se rendre compte, et on se rendra même pas vraiment compte mais bon, j’ai monté un film d’un trajet fait dans les petites rues de Gion. C’est fait à l’arrache, mais ça résume plutôt bien ma journée finalement.

un petit film de gion

C’est pas que des petites rues et des petites maisons, il y a aussi d’anciennes maison seigneuriales énormes, entourées de leurs chouette mur à toiture forgées. (vraiment adoré ces murs). Des petits jardins planqués aussi, bref on verra mieux dans le Roll.

Ensuite, j’ai pris un Bus direction le Palais Impérial. Très beaux murs aussi, c’est tout ce qu’on en voit, mais enfin je savais bien. Y aurait fallu réservé une visite pour celui-là aussi, mais je pensais vraiment pas avoir le temps de faire autant de truc. Vite fait le tour, et puis autre Bus direction Kinkaku-Ji.

Alors ça, c’est LE fameux pavillon doré, le golden pavillon, je connaissais pas du tout avant de m’intéresser à mon visa, mais quand j’ai trouvé ça sur internet l’année dernière, je m’étais quand même promis de tout faire pour le voir.

J’y croyais plus trop, mais là je l’ai vu. Pour bien se figurer l’état de Kyoto hier, faut s’imaginer des milliers d’étudiants Japonais lachés dans ses rues. Je ne sais pas pourquoi, ça devait être Field Trip day ou j’en sais rien, mais ils étaient partout, dans tous les quartiers, dans tous les temples.

Donc mon pavillon doré, j’ai dû le partager avec une centaines de cons en uniforme, lourds au possible, n’ayant qu’un seul but : se faire prendre en photo devant au milieux de tous les autres cons, qui eux aussi, n’étaient venu que pour ça. J’ai fait deux fois le tour du jardin pour le revoir, mais je regrette pas non plus hein ! Très bien doré dédé.

Ensuite autre Bus pour aller voir un temple qu’on m’avait conseillé, et qui promettait, mais l’entrée était chère, et c’était un jardin très grand, j’avais d’autre trucs à voir. Comme par exemple le Chateau Nijo qui, information importante est fermé le Mardi. Pas grave, j’apprends petit à petit à apprécié de beaux murs.

Et puis la nuit tombait, j’aurai voulu faire un autre truc mais à l’autre bout de la ville, accessible par un seul bus dont la ligne commençait assez loin. J’ai préféré retourner à la gare et traîner dans les rues autours de celle-ci. Après tout, il y avait un MUJI immense à voir.

Plus tard, je reprenais mon ShiShi, très heureux, d’avoir vu si bien Kyoto malgré cette bruine de merde. Merci mes sponsors, les bus, et merci Kyoto de n’être finalement pas une si grande ville, en tout cas pas le centre.

Pas très drole comme récit ? Ben oui mais ça m’a vraiment plus, arrive pas à m’en moquer… Bon ok : ces cons de Kyotoïtes n’ont pas le même côté de marche dans les Escalators, ils montent à gauche et attendent à droite… Les bouzeux…

Alors pas grand chose de bien neuf si ce n’est que dans une semaine jour pour jour, vous lirez la dernière entrée du Projet#202. Ben oui, moi je quitte le Japon le 17, mais dû à mon Escape Plan, la chambre 202 et le projet qu’elle hébergeait se referme à tout jamais le 15.

Le Projet tournait autour de mon quotidien de Tokyoïte, pas de celui d’un couillon dans un hotel en plein centre. Donc le décompte là-haut à été changé pour s’adapter à la clôture définitive du Projet#202, clôture prévue le 15 décembre 2005, pour l’entrée du Mercredi 14 décembre.

Quand je rédigerai l’entrée de demain, j’aurai raté pour la deuxième fois de ma vie les « Illuminations » du 8 décembre de ma ville à moi d’où je viens ! Preuve incontestable de la permanente aventure qu’est mon existence !

Bref, je m’en fous pas, j’aime bien aller sentir les aisselle d’un Bourgenbressois engraissé dans sa doudoune Lafuma tout en me demandant ce que ce boulon géant peut bien représenter, ainsi projeté sur une façade bicentenaire.

J’aime bien ma ville, alors quand elle rayonne ne serait-ce qu’à 200km à la ronde, épargnée pour quelques jours par ses campagnards qui, le reste de l’année, nous prennent pour des connards vivant dans une grande ville et de part ce fait : des maladifs ! Bref ! J’aurai bien aimé voir le 8 décembre, not’ fêt’à la Marie !

Sinon hier promenade dans Tokyo, j’ai vu la ville depuis le sommet de Roppongi Hills, l’énorme immeuble qu’on a déjà pu voir derrière le cimetière, qu’on voit très bien d’ailleurs depuis là-haut effectivement.

Et c’est tout.

PS : Oui, on dit Burgien, mais qui sait ça ?!

Alors rien de bien fou, sauf une nouvelle excursion au 300¥ Bar ! Toute pleins de Cocktails pour 300¥ ! Bon c’est pas les meilleurs, c’est pas fait avec toute l’attention qu’on aimerait, mais bon… C’est chouette quand même.

Alors le Gaijin au Japon à cette particularité de recevoir les mêmes égars qu’une célébrité, sans vraiment souffrir des inconvénients.

A peine entré dans le Bar, un Jap un peu bourré invite généralement à sa table le Gaijin, espérant détendre les poules qu’il tente de serrer, espérant aussi prétendre à cet esprit ouvert qui considère et s’intéresse à l’étranger.

Hier ça s’est passé comme ça et très vite. Dix minutes après le Jap se barrait. Mais bon, dans un standing bar bondé, c’était sympa d’avoir une table.

De là on a rencontré plein de débiles, des petites Ponnaise qui crient « Oh My God » à chaque fois que je leur répète mon pays d’origine, des américaines toutes sorties du Lycée qui jouent leur grandes au Japon, et le perpetuel con qui s’immisce, en me hurlant : GINEDINE GIDANE ! (c’est sûrement monnaie courante pour beaucoup de gens, mais comprenez que mon expérience dans la socialisatoin nocturne est limitée, alors à Tokyo…) J’ai des photos de ce clan-là. Verrez dans le Roll. Bref, soirée sympa, conclue par une énorme soupe chinoise à minuit au goût persistant, je le sens encore alors que j’écris ces lignes une douzaine d’heures plus tard.

PS: Au 300¥ Bar, je conseille le Black Russian… mais partout où je vais, je conseille le Black Russian.

Je suis allé faire des courses !

Et ouais, dans mon supermarché que j’aime. En parlant de course je prends un grand plaisir à me rendre en plein milieu de la nuit dans le Combini du coin.

Combini c’est l’abréviation de Conbiniento Storu (Convenient Store), comprenez « épicierie du coin ». On peu se dépanner de tout, d’un sandwich, d’une brosse à dent, d’une cravate, d’une glace, TOUT !

Z’ont même des légumes parfois. Le truc c’est qu’un Combini c’est ouvert 24/24 sans interruption ! Donc on peut s’y pointer à 3h du mat. On m’a demandé un document, alors j’ai fait une petite vidéo, cachée bien sûr, donc pas super. Mais ça permet de bien cerner cette sensation hautement occidentale, et pourtant réalisable surtout ici, que de pénétrer un magasin à 11h du soir, chauffé par cette lumière consommable !

La video

Pour le reste, j’ai hâte de retrouver Liane Folie.

Journée chargée hier ! J’ai d’abord emmené le Rod chez Bubba Gump ! A pas été déçu le gars, un Australien devant des crevettes… C’est sympa à voir. Après on a rejoint son pote Mochi à Shinjuku, et de là on s’est fait un Bowling CyberDisco.

Ouais, il y avait un étage spécial avec boules à facettes et néons violets ! Ensute on a tenté de comprendre comment jouer au Pachinko, pas vraiment compris, donc pas perdu grand chose ! C’est bien sympa de faire quand mêmes des trucs que j’ai jamais fait dans mes derniers jours. Merci Rodo.

Ca fait 110 jours que je suis dans le Projet#202, dans la chambre 202, Oji House, Toshima, Kita-Ku, Tokyo, Japon. Et même si dans quelques heures, je serai toujours au Japon, que j’ai encore deux nuits à y passer, et des bons moments, la plus grosse entreprise de ma vie est finie. Ca fait à peu près 14 mois qu’Antoine m’a expliqué que c’était facile de travailler au Japon, de se loger au Japon. Le projet a bien évolué, je voyais ça plus long, je voyais du travail aussi, bref ce sérieux ambitieux qui me définit si mal :)

Finalement je suis resté moins de quatre mois, je n’ai pas travaillé, je n’ai vu que Tokyo, et Kyoto pour un jour.

J’ai quelques regrets, celui d’avoir obtenu le seul visa Vacances-Travail que le gouvernement Japonais ne me délivrera jamais pour ne finalement pas l’exploiter, et le fait de m’être cassé le pied. Le pied, ça a légèrement atténué l’euphorie du Japon, ça m’a aussi fait économiser de l’argent, ça m’a permis de développer plus sérieusement le site du projet. Je suis content d’avoir vécu mon séjour comme je l’ai vécu, je pense que sans le pied, tout m’aurait lassé plus vite, l’argent serait parti plus vite aussi.

En arrivant, chaque jour passé me terrifiait, parce que j’imaginais la déchirure que serait le départ, je m’imaginais un mois avant la fin, comptant déjà les semaines, les jours et redoutant chaque couché de soleil. Finalement, après le départ de Marie où il me restait ce dernier mois fatidique, j’avais très envie de rentrer.

C’était dû à cette « réunion familiale » qui m’a rappelé plein de trucs et ce sentiment s’est atténué par la suite, mais je savais que je ne compterai plus les jours par appréhension.

Je suis vraiment content de rentrer, juste triste de partir, de laisser tout ça derrière. Parce que même si je compte bien revenir d’ici deux ou trois ans, ça sera jamais évidemment pareil. J’ai adoré Oji, j’ai adoré vivre là en 2005, et qui sait ce que sera Tokyo dans plusieurs années… Certainement bourré de Gaijin !

J’utilise le mot Projet, pas pour valoriser la chose, c’est tout simplement moins long que « passer plusieurs mois dans un pays juste comme ça pour voir » et puis parce que ça englobe le site, et tout ce que j’ai pu écrire sur le vécu d’ici.

Pas vraiment été tendre avec mes hôtes, c’est vrai, mais ils n’en ont jamais souffert, et puis sans cette candeur sarcastique, les aurais-je vraiment observés aussi objectivement ? Non. Je les aurais excusés au début, puis détestés ensuite, pour finir par ne plus les calculer, les laisser pâlir dans le décor.

J’ai préféré les prendre pour des cons (chargé d’à-priori justement mérités), isoler toutes leurs conneries qui m’amusaient, puis comprendre leur pourquoi. Ensuite, il en résulte le modeste rapport que j’ai tenté d’écrire sur eux. Et puis il en résulte cette satisfaction personnelle difficilement partageable, cette impression de n’être pas venu pour rien, de repartir en sachant que je les défendrai toujours, eux et leur passé ; pas parce qu’ils ont raison, mais parce que j’ai pris le temps de les comprendre et de les excuser par la même occasion.

(pas beaucoup de civilisation que je défend hein…)

J’ai envie d’en voir d’autres des pays, sans trop en excuser quand même… Et c’est pas une idée de gamin qui vient de faire son premier tour à cheval et jure de finir Jockey, je prête pas serment c’est tout. J’ai juste envie d’aller ailleurs pour un nouveau projet, ça durera ce que ça durera, et je pense bien que l’idée d’un autre viendra ensuite.

Alors voilà, je clos le Projet, il n’y aura plus d’entrée,il n’y aura plus de Roll, comme il n’y aura plus de couché de soleil à Oji, plus de Pepsi à 100Y, plus de mélodie à la con à 17h, plus de Combini en pleine nuit, plus de chou creme, plus de trains bondés, plus de Konichua d’une vielle voisine, plus de tout ce qui fut ces milliers de détails innommables qui, dans mes souvenirs et conversations, seront bassement résumés par « Le Japon ». Alors pour moi, comme ça, j’ai voulu que pendant quatre mois on les appelle, et tant pis s’il n’y a eu que moi, « le Projet#202 ».

GENERIQUE !

Et bien d'autres