Qu’est-ce qui leur dicte de ne pas « perdre » ces 200 000 000 € dans les impôts qui financent les services publics des pays où ils s’enrichissent ? Qu’est-ce qui les encourage à les garder ? D’ailleurs les garder pour quoi faire ? S’ils doivent cacher 200 000 000 € c’est qu’ils en ont déjà vraiment plus…. Alors pourquoi ? Pour acheter une nouvelle maison qu’on fermera à l’année longue ou un deuxième jet privé ?
Non ! vont-ils nous répondre, c’est pour réinvestir ! Réinvestir dans un nouveau projet pas forcément passionnant mais lucratif, ou simplement dans un CDO « spécial » qui détruira le marché dans quelques années ou encore le produit financier « Jacques Lang » : une « œuvre » d’art contemporain montée rapido par ce galeriste recommandé par leur banquier offshore. Et l’année prochaine il faudra cacher encore plus de nouveaux millions amassés…
Alors on s’arrête quand ?
A quel moment on arrête d’amasser ? L’image de l’écureuil entassant bêtement des noisettes qu’une vie entière ne suffira pas à manger ne marche plus, les noisettes dématérialisées ne sont même plus limitées par la largeur du tronc d’arbre !
On l’a tous vu le gif du mec avec des tas de cookies qui vole celui du gars qui n’en a qu’un en montrant du doigt l’autre pauvre qui n’en a pas. On l’a vu, on a ri, on a appelé son collègue et, dépité, on a tous lancé : « Mais c’est exactement ça ! »
Et alors, on s’arrête quand ?
On les a vus les magnats de la finance à qui des états confient leur retraite recevoir tout fiers leur premier relevé mensuel imprimé par les vieux IBM de Madoff. Puis les petits banquiers, encouragés par leur gros magnats, inciter des petits acheteurs à signer ces prêts minables qui foutraient tout le monde à la rue six mois plus tard. Et… Patatra ! On pouvait pas savoir !
Ils croyaient quoi ? On arrive pas là où ils étaient en tâtonnant les murs. Évidemment qu’ils savaient, en tout cas bien avant nous, mais bon, tant que ça tombe… Et tant pis s’ils en crèvent, nous on survivra.
C’était il y a huit ans, on arrête quand ?
On les voit tous les jours, les enfants des pays « pauvres » en chier en cousant nos survets ! On voit nos concitoyens du monde ramasser des oranges pour rien dans des conditions pourries et on y pense toujours un peu en déglutissant notre Tropicana. On les voit ces Népalais abandonner leur passeport pour travailler dans chantiers de merde au Quatar, à construire les stades de nos coupes du mondes orchestrées/marchandées par les cons cités plus haut, ceux qui amassent au paradis. Et on le sait quand on lève les bras devant un but du PSG Quatari, on est conscient de tout ça, on oublie pas.
Alors ? On arrête quand ?
On les a vus ces cons entasser des centaines de vaches dans un enclos de terre, leur faire bouffer tout sauf de l’herbe et, après avoir découvert une une bactérie E. colie dans leur chair, plutôt que de se dire « merde qu’est-ce qu’on fout ? » ont simplement commandité une drogue pour tuer le microbe ! Ensuite sous approbation gouvernementale ils l’ont remise en circulation cette bonne viande de vache malade. Et c’était 10 ans après la vache folle !
On voit les frackers, les «fractureurs hydrauliques», foutre en l’air des régions entières, à grand coup de « on vous rachète votre terre », on voit l’eau jaune qui tue les enfants.
On voit en ce moment-même les Monsanto si décriés racheter nos ressources naturelles, privatiser la base même de notre alimentation, et poursuivre ceux qui défendent une agriculture saine.
Enfin merde Erin Brokovich c’était y a 15 ans ! (et le film, pas les faits !) On voit cette année-même des labos racheter un médicament et multiplier son prix par 50 !
Tous les soirs au 20h on voit ces vidéos clandestines (bientôt interdites) de pauvres smicards rendus bourreaux torturer des êtres vivants, conscients, dans des abattoirs et des laboratoires !
Mais comment peuvent-ils, ces dirigeants qui ordonnent et ces employés qui obtempèrent ? Ça doit être des monstres inhumains ? Pas du tout. Ce sont nos législations qui sont inhumaines. Nos législations de pays « libres » qui, au lieu de suivre le Coran ou la Thora, suivent la loi du marché.
On arrête quand ?
On le sait, on en est conscient, les détracteurs du réchauffement climatique ont perdu, les défenseurs des OGM ont perdu ! On voit donc le profit détruire un à un nos équilibres humains et naturels. Mais aussi le bien-être des colonisés d’abord, puis des mondialisés ensuite, que l’on écrase, que l’on monétise. Mais le notre aussi, notre bien-être, première victime de notre propre quête de profit. On constate que cette fuite éperdue vers le gain en arrive à remettre en cause notre survie-même en tant qu’espèce.
Ça y est on le voit, le mur là. Alors, on freine quand, on arrête quand ?
On arrête quand on cesse d’en vouloir toujours plus. Quand on se contente de ce qu’on a. Quand on regarde la maison d’en face, plus grosse, en se disant qu’on a pas besoin d’écraser quelqu’un pour avoir la même. On arrête quand le succès d’un projet ou d’un homme n’est plus lié à l’argent qu’il produit, mais au bien-être qu’il génère.
On arrête quand ce n’est plus « normal » voire « respectable » qu’un être humain qui a déjà amassé 200 000 000 € dépense encore de l’énergie et de l’ingéniosité pour en amasser plus. Quand on reconnaît que le gain, passé quatre maisons et un yacht, est vain, qu’il ne peut plus améliorer notre niveau de vie. Quand on ne croit plus l’odieux mensonge que cet argent est réinvesti dans de nouveaux projets qui créent de l’emploi ou du bien-être !
Quand on n’admire plus celui qui amasse une fortune qu’il ne souhaite même pas dépenser. On arrête quand on le méprise autant que ces chasseurs de girafes qui tuent pour une photo et un nouveau trophée.
On arrête quand on ne répond plus à sa déprime du week-end en achetant une paire de baskets. Quand on visionne toutes les répercussions de cette paire de chaussures :
- hydrocarbure brulé pour acheminer les matériaux quand il n’est pas perdu dans l’océan ;
- vendeur sous-payé que Macron fait bosser le dimanche (sur la base du volontariat !) ;
- ouvrier licencié avec une fausse raison dégradante, humiliante, de celle qu’approuve même les Prud’hommes ;
- Chinois qui sue dans l’ammoniaque pour accéder au niveau de confort matériel que l’occidental (qui tient l’usine) lui présente comme le seul bien-être possible ;
- publicités rabaissantes qui en colportant des visions archaïques de l’homme dans son costard ou de la femme dans sa cuisine, enferment les humains dans des idéologies « acheteuses » qui vont à l’encontre de leur souhaits profonds (sortir du bureau, sortir de la cuisine) et les font déprimer le week-end.
On arrête quand on visualise tout cela, qu’on retient son bras, qu’on rentre chez soi, et qu’on passe une journée sans gonfler le profit de quelqu’un. En se disant que son profit peut attendre le jour où l’on aura vraiment besoin d’une nouvelle paire de godasse.
Le monde entier, en ce moment, pas que le tiers, non, pas que les pauvres, non, souffre pour rien, pour des humains aussi faibles que nous et qui règlent leur tourment intérieur, leur déprime du week-end, en accumulant, en amassant, non pas des paires de chaussures mais des millions d’euros.
On arrête quand on méprise le profit et qu’on valorise l’humain (soi-même en fait).